La junte au pouvoir en Guinée depuis décembre a «accepté» lundi la tenue d'une élection présidentielle le 31 janvier 2010 et de législatives le 26 mars, au cours d'une cérémonie officielle à Conakry.

Le comité mis en place par les «forces vives» (partis, syndicats, société civile) et les autorités militaires pour étudier la possibilité d'organiser des élections avant la fin de l'année 2009 a finalement proposé lundi qu'elles aient lieu en début d'année 2010, a constaté un correspondant de l'AFP.

«J'accepte ce que propose le comité ad hoc qui est l'émanation de la population», a publiquement répondu le président autoproclamé de la Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara. «Je ne peux que me plier à votre souhait», a-t-il ajouté.

Il s'exprimait en présence des membres du gouvernement mis en place par la junte, de représentants des «forces vives» et de diplomates étrangers.

Les militaires avaient pris le pouvoir le 23 décembre 2008, peu après l'annonce du décès du général-président Lansana Conté qui régnait sans partage sur la Guinée depuis 24 ans.

Des élections étaient théoriquement prévues avant fin 2009.

Le secrétaire d'État français à la Coopération, Alain Joyandet, avait exhorté début août les «forces vives» et le président auto-proclamé à organiser ces scrutins, comme promis, avant la fin de l'année.

Mais le comité a finalement souhaité que les élections se «tiennent aux dates indiquées, pour le bien de la Guinée».

Les deux tours de la présidentielle devraient donc être organisés les 31 janvier et 14 février, puis les législatives le 26 mars.

Le comité a également demandé à la communauté internationale de verser à la commission électorale nationale indépendante (CENI) l'aide promise pour l'organisation des scrutins.

Dans un long discours, le chef de la junte a déclaré d'un ton saccadé: «Ceux qui ne sont pas prêts pour aller aux élections n'ont qu'à quitter le pays, parce qu'il y en a d'autres qui disent que nous ne sommes pas prêts pour des élections libres et transparentes».

Le capitaine Camara avait maintes fois affirmé, ces derniers mois, qu'il n'était «pas assoiffé de pouvoir» et ne se présenterait pas lui-même. Cette fois, il n'a pas abordé la question.

Il a en revanche assuré qu'il ne «pouvait plus» supporter les pressions exercées sur lui par des gens demandant son maintien au pouvoir.

«Tous les jours, je reçois des coups de fils de gens qui me disent «si vous laissez le pays, ce n'est pas bon, la transition c'est deux ans, trois ans et même quatre ans. Nous vous demandons de rester encore, de ne pas organiser les élections en 2009, tout cela est irresponsable»», a-t-il affirmé.

De nombreux mouvements - dont le MDDR («Moussa Dadis doit rester») - ont été récemment créés pour demander au capitaine Camara de rester aux commandes de la Guinée jusqu'à fin 2010, voire février 2011.