La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, visitant une clinique vendredi près de Johannesburg, a appelé les Sud-Africains à ne plus stigmatiser les malades du sida, dans un pays où près de six millions de personnes sont séropositives.

Mme Clinton, qui effectue une tournée dans sept pays d'Afrique, s'est rendue dans cette clinique située dans la petite ville de Cullinan, à 80 kilomètres à l'ouest de Johannesburg, après avoir eu un entretien avec le nouveau ministre sud-africain de la Santé, Aaron Motsoaledi.

Elle s'est félicitée du changement intervenu dans l'attitude des autorités envers le sida sous la présidence de Jacob Zuma.

Le prédécesseur de M. Zuma, Thabo Mbeki, s'était attiré de nombreuses critiques dans le monde en mettant en doute le lien entre le VIH et le sida et en soutenant un ancien ministre de la Santé controversé qui préconisait, pour lutter contre la maladie, de manger des légumes plutôt que de prendre des médicaments.

«Il faut rattraper le temps perdu», a déclaré Mme Clinton.

Elle a ensuite donné le micro aux malades qui se trouvaient près d'elle, soulignant qu'il était important d'écouter leurs témoignages.

Tandis que la vie quotidienne de la petite ville, un ancien centre de l'extraction du diamant, se déroulait autour de la clinique, des patients ont parlé de leur vie.

Devant les caméras de la presse internationale, Kgosi Kwos Mphahlele, un employé municipal, a déclaré à la responsable de la diplomatie américaine que lorsqu'il avait appris en février 2007 qu'il avait contracté le VIH, il avait eu «honte», car jusqu'alors il avait été respecté dans sa communauté.

«Mais me voici, debout devant le monde, déclarant que je suis séropositif», a-t-il lancé.

Il a déclaré qu'il s'estimait «béni» de se trouver près de Mme Clinton. «Le VIH a fait beaucoup pour moi, je remercie le VIH», a-t-il ajouté, déclenchant les rires de la secrétaire d'Etat et des responsables américains qui l'accompagnaient au cours de la visite.

Une autre patiente, Simangele Ncube, a confié à Mme Clinton, manifestement émue, qu'elle avait appris à être fière d'elle-même.

«Parfois, vous pouvez vous dire: "Je suis séropositive, c'est la fin du monde". Ce n'est pas la fin du monde, je peux encore être belle devant vous», a dit Simangele Ncube, vêtue d'une robe dorée et portant un sac à main à la mode.

«Ce qui nous tue, c'est la stigmatisation», a-t-elle expliqué. «Si on me stigmatise, je dis: "Je connais ma situation, je fais attention à moi, je prends mes médicaments. Et vous?"».

Tout en se félicitant de l'attention portée par Mme Clinton au problème du sida, des militants ont souligné que la communauté internationale devrait faire beaucoup plus.

Les Etats-Unis et les autres pays riches doivent accroître leurs financements, a déclaré Paula Akugizibwe, coordonnatrice pour une organisation d'aide aux personnes atteintes par le virus du sida en Afrique australe.

Elle a indiqué que des patients se voyaient refuser un traitement en Afrique du Sud et dans d'autres pays africains comme l'Ouganda en raison du manque de ressources.

«C'est une bonne chose que Mme Clinton vienne ici et soit en contact avec les réalités du terrain. Mais au bout du compte, si on n'a pas d'argent, on ne peut pas faire du traitement et on ne peut pas faire de la prévention», a-t-elle déclaré à l'AFP.