Le président sud-africain Jacob Zuma a dénoncé les violences commises depuis plusieurs jours par des manifestants dans le pays, en proie à plusieurs mouvements sociaux et où des échauffourées ont encore opposé mercredi policiers et habitants dans un township.

«Il ne peut pas y avoir de justification pour les violences publiques et la destruction de propriétés», a déclaré M. Zuma lors d'une conférence de presse mercredi à Pretoria.

Les coupables «doivent être arrêtés. Ils perturbent les droits de citoyens innocents qui passent par là (....). Les gens ont le droit de manifester mais pas de perturber les autres», a-t-il ajouté.

M. Zuma, élu en mai, faisait référence aux dérapages lundi au premier jour d'une grève des employés municipaux. Dans plusieurs villes du pays, des magasins avaient été pillés, des ordures jetées sur la voie publique et la police avait dispersé des manifestants avec des balles en caoutchouc.

Le président faisait aussi allusion aux violences sporadiques depuis une dizaine de jours dans des townships, où des habitants protestent contre leurs conditions de vie.

Mercredi, des échauffourées ont opposé pendant une grande partie de la journée des habitants de Mashishing (250 km au nord-est de Pretoria), armés de pierres et de cocktail Molotov, à des policiers qui ont riposté avec des gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc. La police, interrogée par l'AFP, n'a pas fait état de blessés.

En revanche, la situation était calme mercredi dans deux autres townships du pays, où des incidents similaires avaient eu lieu la veille pour protester contre le manque d'accès à l'eau et l'électricité.

Les habitants des townships sont frustrés par le manque de progrès dans leur quartier, quinze ans après la fin du régime ségrégationniste et alors que l'Afrique du Sud, pays aux inégalités criantes, est la première puissance économique du continent noir.

Zuma, qui a été élu sur un programme de lutte contre la pauvreté, est aussi confronté à une grève des employés municipaux, entamée en début de semaine.

Des milliers d'éboueurs, chauffeurs de bus et bibliothécaires ont encore manifesté mercredi, comme les deux jours précédents, dans les principales villes du pays pour obtenir de meilleurs salaires. Aucun incident n'a été signalé.

Les deux syndicats qui ont lancé le mot d'ordre de grève illimitée étaient réunis mercredi soir chacun de leur côté pour décider s'ils acceptaient ou non la dernière proposition patronale: une augmentation de 11,5% des salaires en juillet, puis une hausse d'1,5% en janvier.

Jusqu'à présent, ils réclament une augmentation de 15% et des allocations logement. Patrons et syndicats doivent se réunir jeudi pour refaire le point. «Nous voulons 15%, pas moins. Tout augmente: la nourriture, le bus, l'électricité, l'essence», a expliqué un manifestant, Ronnie Howard, employé à la municipalité du Cap (sud-ouest). Les syndicats demandent 15% d'augmentation pour faire face à l'inflation, qui avait culminé en août à 13,7%. Mais selon les derniers chiffres publiés mercredi, le taux annuel n'est désormais plus que de 6,9%.