Le principal groupe armé du Sud pétrolifère du Nigeria a revendiqué lundi de nouvelles attaques contre Chevron et élargi ses menaces au sport pour la première fois en évoquant le Mondial de foot des moins de 17 ans.

Le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), qui multiplie depuis mai les annonces de sabotage d'installations du géant pétrolier américain, a annoncé avoir détruit sa station de pompage d'Abiteye, dans l'État du Delta (dans le delta du Niger).

Cette opération menée pendant la nuit a provoqué «un énorme incendie qui consume l'installation toute entière», affirme le Mend.

Dans un deuxième communiqué, l'organisation dit avoir «détruit, à l'aide d'explosifs», d'autres parties du site d'Abiteye.

Un porte-parole de Chevron, Scott Walker, a indiqué que des enquêtes étaient en cours. La compagnie a confirmé récemment plusieurs incidents sur ses installations, sans en préciser l'origine.

Un porte-parole militaire nigérian a pour sa part indiqué qu'il y avait eu à la station de pompage d'Abiteye «un échange de tirs sérieux» entre soldats et militants.

Le Mend, qui cible habituellement l'industrie pétrolière, s'en est aussi pris pour la première fois au sport, avertissant la Fédération internationale de football (Fifa) que la sécurité ne serait pas «garantie» lors du Mondial des moins de 17 ans, prévu au Nigeria à l'automne 2009.

«La sécurité des joueurs et des visiteurs internationaux ne peut être garantie en raison des violences actuelles», prévient-t-il.

La Fifa et le Comité local d'organisation de la compétition (Loc) ont souligné que le président nigérian Umaru Yar'Adua avait garanti que la sécurité des joueurs serait assurée.

«La Fifa a enregistré l'engagement total du gouvernement nigérian, ainsi que des garanties supplémentaires requises par la Fifa concernant les problèmes médicaux et de sécurité, qui ont été signées par le président», a-t-on appris lundi auprès de la Fédération.

Le Mend a aussi mis en garde contre des troubles à venir dans le nord du Nigeria.

Le Mend conseille à tous les Nigérians originaires du delta du Niger «résidant dans le nord du Nigeria, y compris Abuja (capitale fédérale, centre), de rentrer chez eux d'ici huit semaines car un évènement majeur se produira dans cette partie du pays et des attaques en représailles dirigées contre eux ne peuvent être exclues».

Il appelle également les Nigérians originaires du Nord vivant dans le delta à quitter la région.

Le nord du Nigeria est essentiellement musulman, le sud chrétien.

Le Mend, qui opère généralement dans le périmètre du delta du Niger, a déjà dans le passé menacé d'agir ailleurs, sans l'avoir fait.

Affirmant agir au nom des populations locales pauvres et pour une meilleure répartition des richesses, le Mend dit régulièrement vouloir anéantir l'industrie pétrolière.

Lundi, il a averti qu'il s'en prendrait à toutes les infrastructures on-shore du delta, puis aux installations off-shore.

Chevron, qui apparaît actuellement comme sa cible de prédilection, a dû fermer la production d'environ 100 000 barils par jour (b/j) fin mai et depuis une semaine, à un rythme quasi quotidien, le Mend annonce des attaques contre ses sites dans l'État du Delta. Selon Chevron, ces sites sont fermés depuis le 25 mai.

Interrogé dimanche par l'AFP sur les raisons de cet acharnement apparent, le Mend a souligné que «Chevron se (trouvait) être présent sur le principal théâtre d'opérations de la guerre».

Le Mend a annoncé le 7 juin le lancement d'une «guerre du pétrole» après des semaines de heurts avec l'armée.

Les violences depuis 2006 dans cette région ont fait chuter la production de brut nigérian à environ 1,8 million de b/j, contre 2,6 millions de b/j en 2006.