Rose Francine Rogombé, investie mercredi présidente du Gabon par intérim, est une fidèle de Bongo, habituée des cercles politiques où elle a gravi les marches jusqu'à devenir la première femme à diriger le Sénat après avoir été une magistrate surnommée la «dame de fer».

«Même si elle n'est devenue présidente du Sénat qu'en février dernier, elle connaît bien la politique», affirme une source proche de la présidence.Amie de la famille de Georges Rawiri (décédé en 2006), figure politique gabonaise et proche d'Omar Bongo, elle connaît bien «les arcanes du pouvoir et les réseaux gabonais», selon cette source.

Elle connaît aussi très bien le Parti démocratique gabonais (PDG), formation créée en mars 1968 par M. Bongo.

Et «ceux qui la sous-estiment se trompent ou ont la mémoire courte», estime une autre source proche de la présidence.

Née le 20 septembre 1942 à Lambaréné (240 km au sud-est de Libreville), d'ethnie Galwa, Mme Rogombé née Etomba a été secrétaire d'État à la Promotion de la Femme et des Droits humains dans des gouvernements dirigés par Léon Mebiame, qui fut premier ministre pendant 15 ans (1975-1990).

En 1991, après la transition démocratique et le multipartisme, Mme Rogombé, avait délaissé la politique pour sa vie professionnelle, où elle jouit toujours d'une excellente réputation.

Substitut du procureur, puis juge d'instruction, elle est ensuite vice-présidente du Tribunal de grande instance de Libreville avant de devenir procureur puis vice-présidente de la Cour criminelle spéciale. Selon la télévision gabonaise, elle était alors surnommée «la dame de fer».

En même temps, elle se consacre à la religion chrétienne.

«Mariée et mère d'une nombreuse famille», selon sa biographie au Sénat, elle est «depuis 2007 titulaire d'une licence en théologie».

Loin des médias et de la scène politique, elle s'est quelque peu fait oublier, mais «attention, elle peut en surprendre plus d'un», assure une source diplomatique gabonaise.

Elle était conseillère municipale depuis avril 2008 et avait été élue, sous l'égide du président Bongo, présidente du Sénat en février. Unique candidate à cette fonction, Mme Rogombé avait obtenu 92,78% des voix d'un Sénat qui compte au total 102 membres, dont 75 du PDG.

Selon une source présidentielle, sa désignation officieuse par Omar Bongo comme présidente du Sénat avait quelque peu surpris le sérail du PDG, qui ne se doutait sans doute pas, alors, que Mme Rogombé serait appelée aussi vite à diriger le pays.

Sous son mandat de présidente du Sénat, Mme Rogombé a notamment défendu la décentralisation: «Il est temps que la démocratie locale s'affirme davantage et que nos populations apprécient ses répercussions dans leur vie quotidienne», avait-elle notamment lancé.

«Elle sera à la hauteur. Quand on regarde sa carrière, on peut en être sûr», estimait jeudi à son investiture la présidente de l'ONG Malachie, Pepecy Ogouliguende.