Plus de cinq millions de Malawites ont voté mardi dans le calme pour élire leur président et renouveler leur Parlement, portés par l'espoir que leur pays parvienne enfin à la sécurité alimentaire.

«Le scrutin s'est déroulé sans interruption ni interférence» et aucune violence n'a été rapportée, a indiqué le président a Commission électorale, Justice Msosa. Toute la journée, des centaines de personnes ont fait la queue devant les bureaux de vote du pays, dans les villes comme dans les zones rurales, attendant patiemment leur tour sous un soleil brûlant.

Le scrutin a fermé à 18h00, après douze heures d'opérations, mais les électeurs qui patientaient encore ont pu continuer à déposer leur vote. 5,8 millions de Malawites étaient inscrits sur les listes électorales.

Le président sortant Bingu wa Mutharika, donné favori contre son principal rival John Tembo, ancien bras droit du dictateur Kamuzu Banda (1964-1994), s'est réjoui dès la matinée de la «très forte participation» à ces 4è élections nationales multipartites, après avoir voté dans son village natal de Goliati (sud).

M. Mutharika, 75 ans, mise sur la réussite de son programme de subvention de semences et de fertilisants pour obtenir un second mandat de cinq ans lors des quatrièmes élections de l'ère multipartite.

Après la famine qui, en 2005, a frappé cinq des 13 millions de Malawites, il a distribué grains et engrais, plongeant le budget national dans le rouge mais assurant trois récoltes qui ont permis de nourrir le pays, aidées par des pluies abondantes.

Les électeurs n'avaient qu'un mot à la bouche: «développement». «Il est temps de voter parce qu'on a besoin de développement», affirmait ainsi Esther Kamoto, 88 ans. La vieille dame votait seulement pour la deuxième fois.

«Avant je ne voyais pas à quoi cela servait», a-t-elle souligné, en faisant référence aux trente années de dictature qu'a connu le Malawi juste après l'indépendance du protectorat britannique en 1964.

Tous les candidats ont fait campagne sur l'éradication de la faim. Le Malawi reste à la merci de sécheresses cycliques: seules 20% des terres cultivées sont irriguées et 80% du maïs, nourriture de base, pousse sur des lopins trop petits pour une production commerciale.

En outre, le programme de subventions agricoles risque d'être difficile à tenir avec le ralentissement prévu de la croissance en 2010, après un boom à 8,2% cette année grâce à l'ouverture d'une mine d'uranium dans le nord.

Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale louent les efforts engagés pour lutter contre l'extrême pauvreté (moins d'un dollar par jour) dans laquelle vivent quelque 40% des Malawites, contre 54% en 1990. L'aide internationale finance 80% des initiatives de développement au Malawi.

Mais les dysfonctionnements politiques menacent la lutte contre la pauvreté. S'il devait emporter la présidentielle, M. Mutharika devra probablement diriger de nouveau un gouvernement minoritaire, avec les blocages parlementaires qui en découlent.

La formation de M. Tembo, le Parti du congrès du Malawi (MCP), peut s'appuyer sur le vote de la région centrale, autour de la capitale Lilongwe, et sur le soutien du parti de l'ancien président Bakili Muluzi qui s'est rallié derrière sa bannière.

Ce dernier voulait briguer un troisième mandat à la tête de l'État, ce que lui a interdit samedi la Cour constitutionnelle.