Le chef de la junte au pouvoir depuis le 23 décembre en Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara, a confirmé dimanche que lui et son équipe avaient bien renoncé à se présenter aux élections générales prévues en fin d'année.

«Nous allons aux élections. Je ne vais pas me présenter et les membres du CNDD (Conseil national pour la défense de la démocratie, junte) également ne vont pas se présenter», a déclaré Moussa Dadis Camara, lors d'une rencontre de plus de quatre heures avec la presse. C'est la première fois que le leader guinéen affirme explicitement renoncer à se présenter devant les électeurs en décembre. Le 15 avril, il avait menacé d'«ôter la tenue» militaire pour pouvoir le faire.

Mais mardi dernier, le Groupe international de contact sur la Guinée avait indiqué avoir reçu l'assurance des militaires qu'ils ne brigueraient pas le pouvoir par les urnes.

Dimanche, le capitaine Camara a par ailleurs indiqué avoir accepté à contre-coeur l'organisation des élections fin 2009, au lieu de 2010 comme la junte l'avait annoncé peu après sa prise pouvoir le 23 décembre, dans la foulée du décès du général-président Lansana Conté, qui régnait sans partage sur le pays depuis 24 ans.

«Tout le monde voulait que ce soit en 2010 comme annoncé au moment de la prise du pouvoir», a-t-il assuré, précisant avoir accepté ce calendrier «pour éviter la pagaille, le désordre, l'anarchie et surtout la violence».

«J'ai été pris en otage par certains leaders d'opinions (hommes politiques et syndicats) pour que j'accepte le calendrier qu'ils ont proposé», a-t-il ajouté.

«C'est un calendrier fait par quelques individus assoiffés de pouvoir et lorsque je l'ai accepté, les réactions (négatives) ne se sont pas fait attendre tant à Conakry, à l'intérieur du pays qu'à l'étranger», a-t-il poursuivi.

L'officier s'est ensuite livré à une attaque en règle contre la classe politique guinéenne, accusée de «jouer contre la Guinée».

«Quand on veut prendre la pouvoir, il faut être objectif, honnête (...). Les leaders politiques ont cru devoir mettre la pression sur nous pour qu'on parte vite mais nous sommes sages», a-t-il déclaré avant d'ajouter: «la sagesse ne signifie pas avoir peur».

Evoquant les multiples condamnations de la communauté internationale après le putsch, il a accusé certains adversaires politiques de «profiter de leurs relations au niveau international pour (leur) mettre les bâtons dans les roues».

Mardi dernier, le Groupe international de contact sur la Guinée avait fait des déclarations rassurantes sur la volonté du régime de céder effectivement la place aux civils en décembre.

Le «retour rapide à l'ordre constitutionnel ne fait l'ombre d'aucun doute, il reste seulement à encourager l'intensification du dialogue en cours entre le CNDD et les forces vives (syndicats, société civile...) pour assurer une transition consensuelle et pacifique», avait notamment estimé Ibrahima Fall, envoyé spécial du président de la commission de l'Union africaine.