Les pirates somaliens ont relâché mardi un chimiquier asiatique capturé cinq mois plus tôt mais détenaient toujours au moins 17 navires et près de 300 marins, leur regain d'activité ces dernières semaines ayant porté le nombre de leurs attaques à des niveaux records.

L'armada de la communauté internationale déployée dans la région a échoué à ce jour à sécuriser l'une des routes maritimes commerciales les plus fréquentées de la planète tandis que la Somalie plaide pour le financement de sa propre force navale.

Le chimiquier Stolt Strength et ses 23 membres d'équipage philippins, capturés le 10 novembre, ont été relâchés mardi par des pirates somaliens, a indiqué le responsable de la branche kényane d'un programme d'assistance aux marins, Andrew Mwangura.

Tous les membres d'équipages sont sains et saufs et le navire, le Stolt Strength fait actuellement route vers le port indien de Kandla, a précisé M. Mwangura.

«Nous n'avons pas tous les détails mais il a été libéré tôt ce (mardi) matin. Nous pensons qu'une somme a été versée mais nous n'en connaissons pas le montant», a-t-il déclaré.

Le tanker, dont les propriétaires seraient Japonais et Philippins, était récemment retenu à proximité du port d'Harardhere, un repaire de pirates situé à environ 450 km au nord de la capitale somalienne Mogadiscio.

L'affrêteur du navire, le norvégien Stolt-Nielsen spécialisé dans le transport de produits chimiques, a confirmé la libération du bateau, dans un communiqué daté de Londres.

La capture du Stolt Strength est une des plus longues depuis que les pirates somaliens écument les eaux du golfe d'Aden et de l'océan Indien.

Un remorqueur nigérian, le T/B Yenegoa Ocean et ses 11 membres d'équipage sont retenus captifs depuis huit mois et demi.

Au total, les pirates somaliens détiennent encore au moins 17 bateaux et près de 300 marins, selon l'ONG environnementaliste Ecoterra International, qui suit de près la piraterie somalienne.

Au moins 11 navires ont été capturés depuis début avril par les pirates armés de fusils d'assaut et lance-roquettes et qui opèrent à bord de petites embarcations rapides difficilement détectables par les radars.

Après un bref répit en janvier, les pirates ont profité de conditions météorologiques favorables pour lancer des attaques tous azimuts, de plus en plus éloignées des côtes somaliennes.

Selon de Bureau maritime international (BMI), les attaques de pirates au large de la Somalie ont décuplé au cours du premier trimestre 2009 par rapport à la même période de 2008, passant de 6 à 61.

«Dans la majorité des incidents, les assaillants étaient lourdement armés (...) La violences contre les équipages continue d'augmenter», a souligné le BMI.

Devant les difficultés des puissances navales internationales à enrayer ce fléau, alors mêmes qu'elles ont déjoué des dizaines d'attaques et appréhendé quelque 200 pirates, le ministre somalien de la Planification et la coopération internationale a plaidé pour la création d'une flotte somalienne financée par la communauté internationale.

«La solution, c'est d'aider le gouvernement somalien à créer des forces navales pour faire face à ces opérations criminelles», a déclaré Abderahmane Abdechakour dans une interview à la télévision américaine en arabe Alhurra.

La sénatrice démocrate Dianne Feinstein, présidente de la commission du Renseignement du Sénat américain, s'est elle prononcée lundi pour la présence d'équipes armées à bord des navires battant pavillon américain.