Devenu un héros dans son pays, le capitaine américain du Maersk Alabama, détenu cinq jours par des pirates somaliens, est arrivé jeudi à Mombasa, au Kenya, à bord d'un navire de guerre des Etats-Unis qui ont dévoilé un plan de lutte contre la piraterie.

Libéré dimanche lors d'une opération commando américaine, le capitaine Richard Phillips se trouvait à bord du croiseur lance-missiles USS Bainbridge lorsqu'il est entré jeudi matin dans le port de Mombasa (sud-est du Kenya), a déclaré à l'AFP le commandant de la police portuaire, Ayub Ali Gitonga.

Un pirate blessé lors de la prise d'otages était également à bord, a indiqué le policier.

Selon un correspondant de l'AFP sur place, des agents du Bureau fédéral d'investigation (FBI) se trouvaient à bord du Bainbridge. Par ailleurs, il n'était pas prévu que le capitaine s'exprime à la presse.

M. Phillips - détenu par ses ravisseurs en plein océan Indien à bord d'un canot de sauvetage - avait été libéré lors d'une opération commando menée à partir du Bainbridge au cours de laquelle trois pirates ont été abattus par des tireurs d'élite et un quatrième a été blessé.

L'équipage du Maersk Alabama, arrivé samedi dernier à Mombasa, est de son côté rentré aux Etats-Unis. Les 19 membres d'équipage ont été chaleureusement accueillis jeudi par leurs familles à leur descente d'avion à la base aérienne d'Andrews, près de Washington.

Le regain d'activité des pirates ces dernières semaines, profitant de conditions météorologiques favorables et de l'immensité de leur zone d'action, a conduit les Etats-Unis à proposer un plan d'action de lutte contre ces nouveaux flibustiers, notamment en visant leurs avoirs.

Selon la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, il s'agit de travailler avec la communauté internationale afin de «trouver un moyen de retracer et geler les avoirs des pirates».

Selon des sources proches des services de renseignements français, «les pirates eux-mêmes n'ont pas de comptes bancaires mais leurs commanditaires disposent de comptes dans les pays du Golfe qui sont utilisés pour le paiement des rançons».

«Nous constatons que les pirates achètent de plus en plus d'équipements sophistiqués ainsi que des embarcations plus rapides et plus performantes», a ajouté Mme Clinton.

En attendant l'entrée en vigueur de ces mesures, les puissances navales déployées dans le golfe d'Aden et l'océan Indien poursuivent leurs efforts pour empêcher les attaques et affaiblir les pirates.

Ainsi, la frégate française Nivôse, opérant dans le cadre de l'opération européenne Atalante, a arrêté mercredi 11 pirates présumés qui naviguaient à bord d'un bateau-mère, à environ 900 kilomètres à l'est de Mombasa.

Leur embarcation de 10 mètres de long transportait deux skiffs d'assaut et 17 fûts de 200 litres de carburant. L'utilisation de ces bateaux-mère, souvent d'anciens navires capturés, a permis aux pirates somaliens d'étendre leur rayon d'action en lançant des attaques directement depuis le large.

Les 11 pirates présumés seront jugés par les autorités kényanes, en vertu d'un accord signé début mars entre le Kenya et l'Union européenne, a précisé jeudi le ministère français de la Défense.

«Le Nivôse pourrait arriver à Mombasa d'ici quatre jours, puisqu'il navigue en remorquant les bateaux qui ont été pris, ce qui limite sa vitesse», a expliqué un porte-parole de l'état-major des armées françaises.

Depuis avril 2008, la France a interpellé 71 pirates et trois ont été tués, lors de neuf opérations.