Les pirates somaliens ont capturé mardi deux cargos, démontrant que les récentes opérations commando française et américaine n'avaient pas entamé leur détermination à s'attaquer aux navires passant au large de la Somalie.



   Des pirates à bord de «trois ou quatre embarcations» se sont emparés d'un cargo libanais, battant pavillon togolais, a indiqué le commandement naval de l'Otan situé à Northwood, en Angleterre.
   «Je peux confirmer qu'un second cargo, le Sea Horse, a été capturé», a déclaré la porte-parole du commandement naval, Shona Lowe, sans pouvoir détailler le nombre ou les nationalités de l'équipage à bord du navire.
   Elle faisait référence au cargo grec Irene EM, battant pavillon de Saint-Vincent et Grenadines, saisi plus tôt dans la journée avec 22 marins philippins à son bord.
   «Il a été capturé tôt ce (mardi) matin», a déclaré à l'AFP Andrew Mwangura, du Programme d'assistance aux marins, organisation maritime basée au Kenya.
   Le navire de 35.000 tonnes appartient à la compagnie Chian Spirit Maritime Enterprises Ltd, installée au Pirée, le grand port près d'Athènes, selon le ministère grec de la Marine marchande.
   Un troisième bateau, le Panamax Anna, du même propriétaire et battant pavillon maltais, a, lui, déjoué lundi une tentative d'abordage de six pirates, selon M. Mwangura.
   Ces nouvelles prises portent à au moins dix le nombre de navires saisis par les pirates depuis début avril et soulignent leur volonté d'ignorer les menaces d'attaques par les forces navales déployées dans la région.
   Lundi, le chef d'un groupe de pirates ayant brièvement capturé le cargo Maersk Alabama et son équipage américain avait même promis de venger la mort de trois de ses hommes tués par la marine américaine lors de l'opération de sauvetage dimanche du capitaine du porte-conteneurs. Richard Phillips était resté cinq jours prisonnier sur un canot en plein océan Indien.
   «Je prends tout à fait au sérieux les déclarations qu'ils ont faites après coup», a réagi mardi le chef d'état-major interarmées des Etats-Unis, l'amiral Mullen. «Cela étant, nous sommes tout à fait prêts à répondre à ce genre de choses et cela sera inclus dans le cadre de notre réexamen (de la situation) sur le plan militaire», a-t-il ajouté.
   Le président américain Barack Obama s'est dit déterminé à lutter contre ce fléau, appelant à la coopération internationale pour que les pirates rendent des comptes pour leurs «crimes».
   Selon des sources proches des pirates, les navires français sont également devenus des cibles prioritaires alors que l'armée française a mené trois opérations contre des pirates en moins d'un an.
   «Les récentes actions de légitime défense des gouvernements américain et français envoient un message fort aux pirates et surtout à leurs soutiens qui exploitent la pauvreté et le désespoir de leur jeunes compatriotes au chômage», a estimé l'envoyé spécial de l'ONU pour la Somalie Ahmedou Ould Abdallah.
   Les pirates ont fait de leur activité l'une des plus lucratives de Somalie, pays en guerre civile depuis 1991.
   Au moins 18 navires et près de 300 membres d'équipage sont détenus par différents groupes de pirates somaliens.
   La recrudescence de ces actes en 2008 a conduit au déploiement d'une vingtaine de bâtiments de guerre opérant sous commandement des Etats-Unis, de l'OTAN, de l'Union européenne ou national à l'image de la Chine ou de la Russie.