L'Afrique du Sud a reconnu que son refus de délivrer un visa au dalaï lama, invité à une conférence sur la paix et le football, visait à ne pas froisser la Chine, contrairement à ses déclarations précédentes.

«Dans ce cas spécifique, nous avons décidé que nos intérêts seraient mieux servis si notre priorité était de ne pas mettre en danger nos relations bilatérales avec la Chine», a déclaré le porte-parole du gouvernement, Themba Maseko, dans un communiqué diffusé mercredi soir.«Nous ne voulons pas que les événements sportifs dans notre pays, et notamment (la Coupe du monde de football) 2010 servent de tribune pour avancer des causes mondiales diverses, parce que cela détournerait l'attention des événements en eux-mêmes», a-t-il ajouté.

L'Afrique du Sud avait reconnu lundi avoir refusé un visa au chef spirituel du bouddhisme tibétain, mais avait assuré avoir pris sa décision sans pression extérieure, au nom de l'intérêt national.

Le dalaï lama devait participer vendredi à Johannesburg à une conférence sur le football comme instrument de lutte contre le racisme et la xénophobie, en vue du premier Mondial africain.

La rencontre, à laquelle avaient été invités plusieurs autres Prix Nobel de la Paix, a été reportée après l'annonce de son boycott par les Nobel sud-africains Frederik de Klerk et Desmond Tutu.

La décision du gouvernement sud-africain a soulevé une vague d'indignation dans le pays. Même la ministre de la Santé, Barbara Hogan, s'était élevée contre le reste de l'équipe ministérielle.

Elle avait estimé mercredi sur la télévision nationale que le gouvernement devait «s'excuser» auprès des Sud-Africains pour avoir refusé un visa au dalaï-lama, l'accusant d'avoir fait preuve de «dédain pour les droits de l'homme».

«Il est malheureux que la ministre ait choisi d'utiliser une tribune publique pour attaquer une décision du gouvernement», a réagi Themba Maseko dans son communiqué.

Son sort est désormais entre les mains du président Kgalema Motlanthe, a-t-il souligné.

La ministre, très populaire pour son action contre le sida, n'est en fonction que depuis six mois. Elle a remplacé Manto Tshabalala-Msimang, surnommée Dr Betterave pour avoir préféré une alimentation riche en légumes aux antirétroviraux pour lutter contre la pandémie.

L'Afrique du Sud, qui soutient la volonté chinoise de réunification avec Taïwan, est le deuxième partenaire commercial de Pékin sur le continent, après l'Angola, avec des échanges évalués à 17,8 milliards de dollars en 2008.

Pékin accuse le dalaï lama de vouloir l'indépendance du Tibet et a renforcé sa sécurité sur le «toit du monde» ces dernières semaines pour empêcher toute insurrection dans le cadre du 50e anniversaire d'un soulèvement antichinois.