L'ambassade des Etats-Unis à Khartoum a autorisé mardi l'évacuation de personnels non essentiels et la sécurité a été renforcée autour de l'ambassade de France sur fond de menaces d'un groupe islamiste contre les intérêts occidentaux.

Ces mesures ont été annoncées dans la foulée de l'expulsion par le Soudan de treize ONG opérant au Darfour après le mandat d'arrêt lancé le 4 mars par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président Omar el-Béchir pour crimes de guerre et contre l'humanité dans cette région en guerre civile depuis 2003.

L'ambassade des Etats-Unis a annoncé l'évacuation sur une base volontaire de son personnel non essentiel et des familles des employés.

Un responsable américain a déclaré sous couvert de l'anonymat que l'autorisation d'évacuation «était une réponse à l'expulsion par Khartoum d'ONG».

Le Soudan avait décidé d'expulser 13 des plus importantes ONG internationales actives au Darfour, en les accusant de «collaborer» avec la CPI.

Les organisations américaines IRC, Care et Mercy Corps figurent notamment parmi les ONG visées dont dépendent des centaines de milliers de déplacés au Darfour, une région de l'ouest du Soudan.

L'ambassade américaine a aussi de nouveau conseillé à ses ressortissants d'éviter certains lieux publics fréquentés par les étrangers à Khartoum, et recommandé d'éviter tout voyage au Soudan, le plus grand pays d'Afrique.

«Le gouvernement des Etats-Unis a reçu des informations quant à des menaces terroristes visant des intérêts américains et européens au Soudan», rappelle-t-elle dans un communiqué.

Autour de l'ambassade de France dans la capitale soudanaise, la sécurité a été renforcée. L'armée quadrillait un périmètre de quelque 200 mètres et des véhicules militaires bloquaient les accès à la mission, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Une quarantaine de policiers et une dizaine de militaires étaient aussi déployés à proximité de l'ambassade de Grande-Bretagne, dans le centre de Khartoum, et une cinquantaine de gardes près de l'ambassade des Etats-Unis.

Il n'était pas clair si ces mesures avaient été prises mardi ou auparavant.

«Clairement il y a des menaces, ce serait illusoire de penser le contraire», a déclaré un responsable.

Les autorités soudanaises ont dit assurer la protection des ambassades contre des manifestations ou d'éventuels débordements violents liés à la décision de la CPI.

Dans le même temps, un groupe jusque là inconnu, l'Alliance des mouvements jihadistes pour le martyre, a affirmé se préparer à commettre 250 opérations suicide contre les pays qui soutiennent la CPI «sur et en dehors du territoire soudanais».

Dans un communiqué, l'Alliance jihadiste vise nommément la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

Par ailleurs, l'ONU a annoncé à Genève avoir conclu un accord avec le Soudan sur l'envoi au Darfour de trois missions techniques conjointes pour évaluer les besoins humanitaires d'urgence après la décision d'expulsion des ONG.