Une voiture des Nations unies a été retrouvée abandonnée hier matin au Niger, pays d'Afrique de l'Ouest. Ses trois occupants, deux Canadiens employés par l'ONU et leur chauffeur nigérien, demeurent introuvables depuis.

Le ministère des Affaires étrangères du Canada a confirmé hier soir la disparition de Robert Fowler et de Louis Guay, deux anciens ambassadeurs du Canada en Afrique. Les deux hommes prennent part à une mission des Nations unies visant à contrôler la circulation des armes illicites au Niger.

 

M. Fowler et M. Guay ont disparu dans la zone de Karma, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale, Niamey. Ils avaient quitté la capitale la veille pour assister à une fête dans la région de Tillabéri. Les festivités avaient lieu à Samira, un site aurifère exploité par des Canadiens et situé 70 km à l'ouest de Niamey.

Les autorités ont été mises au fait de la découverte de la voiture vers 3h du matin, hier, mais la disparition remonterait à 18h, dimanche. À l'intérieur de leur voiture encore en marche, «on a retrouvé trois téléphones, un appareil photo et un blouson», a indiqué à l'Agence France-Presse Mohamed Ben Omar, porte-parole du gouvernement du Niger et ministre de la Communication.

Louis Guay, originaire du Québec, et Robert Fowler, domicilié à Ottawa, n'avaient «pas demandé l'autorisation des autorités» avant de se rendre aux festivités, selon M. Ben Omar. Ils n'étaient donc pas en mission officielle au moment de leur disparition. D'après le ministre, un autre véhicule non identifié et immatriculé au Togo aurait suivi la voiture des fonctionnaires dès sa sortie de Niamey, samedi. Les autorités nigériennes, qui disent ignorer le motif de la disparition, poursuivent leurs recherches en collaboration avec les Nations unies.

Deux diplomates de renom

La disparition des deux Canadiens a semé l'inquiétude hier parmi les collègues de Robert Fowler. L'ancien diplomate canadien, âgé de 64 ans, occupe un poste de professionnel en résidence depuis un peu plus d'un an à l'Université d'Ottawa. «On est très inquiets et tout ça donne la chair de poule», a confié Robert Asselin, directeur associé de l'École supérieure d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa.

M. Asselin a parlé à Robert Fowler il y a deux semaines. Ce dernier était revenu au Canada quelques jours afin de recevoir un traitement contre la malaria. «C'est un grand diplomate, un grand homme, et on espère qu'il se soit simplement perdu», a dit son collègue.

Robert Fowler, qui a été conseiller en matière de politique étrangère pour les premiers ministres Trudeau, Turner et Mulroney, est au Niger depuis octobre. Il a été désigné en juillet comme envoyé spécial de l'ONU par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.

Louis Guay assiste Robert Fowler dans ses fonctions. Diplômé de l'Université de Sherbrooke en 1973 et père de cinq enfants, M. Guay est directeur adjoint du Groupe de travail sur le Soudan au ministère des Affaires étrangères du Canada. Il a été ambassadeur du Canada au Gabon de 2003 à 2006.

Une zone dangereuse

Les deux Canadiens prennent part à la Commission nationale pour la Collecte et le contrôle des armes illicites. «La circulation d'armes illicites en provenance de la Libye et de l'Algérie, entre autres, est courante au Niger», explique Aziz Fall, politologue montréalais d'origine sénégalaise.

La disparition des deux diplomates peut-elle avoir un lien avec le contrôle des armes illicites? «Ce n'est pas exclu, répond M. Fall. Selon le politologue, la présence des Nations unies au Niger perturbe autant les activités des rebelles touareg que celles des autorités au pouvoir.

En juin, quatre cadres français travaillant pour la compagnie nucléaire Areva ont été enlevés puis relâchés par des rebelles touareg, qui exigent depuis plusieurs années un meilleur partage des ressources d'uranium au Niger.