Les pirates somaliens pourraient menacer l'économie égyptienne si leurs activités diminuent le trafic du canal de Suez. Le canal rapporte 5,2 milliards$US à ce pays déjà frappé par une insatisfaction populaire presque chronique, ce qui équivaut à plus de 1% de son PNB.

«Les Égyptiens doivent s'inquiéter», a indiqué Reham El Dessouki, un économiste d'une banque du Caire, au Financial Times. Cette semaine, deux grands armateurs, AP Moller-Maersk et Odfjell SE, ont annoncé que leurs pétroliers (173 au total) contourneraient l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance au lieu de couper par le canal de Suez. L'itinéraire allongé coûte 200 000$ à 300 000$ de plus par voyage, parce qu'il dure 10 jours de plus.

 

Les sommes que risque de perdre l'Égypte sont écrasantes face aux rançons qu'amassent les pirates somaliens, 150 millions$US dans les derniers 12 mois, selon une estimation donnée par le ministre des Affaires étrangères du Kenya, Moses Wetangula, à la BBC. Les pirates qui ont capturé plus tôt cette semaine un superpétrolier saoudien, dont la cargaison vaut 100 millions, ont demandé à eux seuls une rançon de 25 millions, dans un communiqué publié hier.

M. Wetangula a estimé que les navires de guerre des grandes puissances qui patrouillent l'océan Indien doivent viser les navires amiraux des pirates, sans lesquels les vedettes rapides ne peuvent rejoindre les navires qu'ils prennent en otage. Cette stratégie est la même qu'a adoptée une frégate indienne mardi, quand elle a coulé une vedette et un navire amiral pirate.

L'Inde a reçu hier la permission de l'ONU de combattre les pirates somaliens, et la BBC rapporte qu'elle enverra un autre navire, le contre-torpilleur Mysore, pour cette mission. La frégate indienne Tabar patrouille dans la région depuis le 23 octobre et a escorté 35 navires.