Amnesty International dénonce l'intensification de l'enrôlement forcé des mineurs et la recrudescence des viols de femmes par les groupes armés dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) dans un rapport publié lundi.

 

Pour deux enfants libérés du joug des groupes armés, cinq sont enlevés et forcés à devenir des enfants soldats dans la province du Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, rapporte l'organisation de défense des droits de l'Homme, basée à Londres.

Près de la moitié des anciens enfants soldats ramenés à leur famille au Nord-Kivu ont depuis été à nouveau enrôlés par les groupes armés, affirme Amnesty.

«C'est précisément leur expérience passée avec les groupes armés qui fait de ces enfants des recrues valables et les expose encore plus», explique Andrew Philip, spécialiste de la RDC pour Amnesty.

«Plus ils en savent, plus ils encourent le risque d'être à nouveau recrutés. Dans ce cas, l'expérience peut tuer», explique-t-il. Les mineurs qui tentent de fuir sont tués ou torturés, parfois sous les yeux de leurs semblables, indique Amnesty.

Des milliers de femmes et filles sont violées et soumises à d'autres formes de violences sexuelles, s'indigne aussi l'organisation, selon qui des femmes sont enlevées pour être utilisées comme «esclaves sexuelles».

«La situation des droits de l'Homme dans le Nord-Kivu est déplorable», s'inquiète Andrew Philip. «Les groupes armés et les forces gouvernementales continuent à violer des femmes et des filles.»

«Même des enfants et des femmes âgées figurent parmi les victimes. Certaines d'entre elles ont été victimes d'un viol collectif», ajoute-t-il. «Le plus tragique est que ces viols sont souvent commis en public, devant les autres membres de la famille, dont les enfants.»

Des chiffres de l'ONU datant de décembre 2007, cités par Amnesty, font état d'environ 350 cas de viols rapportés par mois au Nord-Kivu.

L'enrôlement d'enfants soldats constitue une violation des actes d'engagement signés en janvier à Goma par tous les groupes armés congolais des Nord et Sud-Kivu.

Les affrontements entre l'armée congolaise et la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) ont repris le 28 août dans le Nord-Kivu, en violation de l'accord de paix de Goma.