L'historien israélien Benny Morris signe aujourd'hui dans les pages du New York Times ce texte où il explique les «deux sources générales et les quatre causes spécifiques» de l'angoise existentielle qui étreint les juifs d'Israël 60 ans après la création de leur État.

Morris souligne que le monde arabe, malgré les traités de paix signés avec l'Égypte et la Jordanie en 1979 et 1994, n'a jamais vraiment accepté la légitimité de la création d'Israël et continue à s'opposer à son existence. C'est la première source générale de l'angoisse des juifs d'Israël, selon lui. La deuxième tient à l'opinion publique occidentale, dont l'appui à Israël diminue de façon proportionnelle à sa désapprobation du traitement par l'État hébreu des Palestiniens.

L'Iran, le Hezbollah et le Hamas constituent, d'autre part, trois des quatre sources spécifiques des peurs israéliennes, selon Morris. La démographie, dont on parle moins en Occident, est la quatrième. Israël compte aujourd'hui 5,5 millions de citoyens juifs et 1,3 million de citoyens arabes. Or les taux de naissance sont aujourd'hui environ deux fois plus élevés chez les familles arabes d'Israël que chez les familles juives du pays, précise Morris en ajoutant :

Si la tendance actuelle se maintient, les Arabes représenteront la moitié des citoyens d'Israël en 2040 ou 2050. Déjà, d'ici cinq à dix ans, les Palestiniens (les Arabes israéliens combinés à ceux qui vivent en Cisjordanie et dans la bande de Gaza) formeront la majorité de la population de Palestine (le territoire compris entre le Jourdain et la Méditerranée).

Après avoir expliqué ces «nouvelles réalités», Morris conclut son texte en évoquant la possibilité d'«explosions plus puissantes» encore que celles des derniers jours dans la bande de Gaza. L'historien a déjà prédit, en juillet dernier, des frappes aériennes israéliennes contre les installations nucléaires de l'Iran.

(Illustration The New York Times)