Vous vous souvenez du 6 août 2001? Ce jour-là, George W. Bush, qui entamait de très longues vacances dans son ranch texan, reçut une note de la CIA faisant état des intentions d'un Oussama ben Laden «déterminé à frapper les États-Unis». L'information ne troubla pas outre mesure le président, qui allait poursuivre ses vacances jusqu'au 30 août - la vie était belle en ce temps-là pour le chef de la Maison-Blanche - et attendre les attentats du 11 septembre 2001 pour déclarer sa «guerre mondiale contre le terrorisme».

Or le chef du contre-terrorisme au sein de l'administration Obama, John Brennan (photo), a choisi la date du 6 août pour offrir un enterrement définitif au concept de la «guerre mondiale contre terrorisme», qui tend à son avis à faire le jeu des terroristes. La lutte contre le terrorisme doit aller au-delà des bombes et des balles, a-t-il précisé lors d'un discours à Washington dont je cite un extrait :

«Nous ne disons pas que la pauvreté cause le terrorisme, ou que l'asservissement cause le terrorisme, mais nous ne pouvons pas ignorer que certains phénomènes y contribuent. Le terrorisme doit être combattu et certainement délégitimé ou attaqué, mais certains griefs qui peuvent pousser des individus vers le terrorisme ne peuvent être ignorés.»

Tout en promettant que Ben Laden et le numéro deux d'Al-Qaeda, Ayman al-Zawahiri, seront un jour déférés à la justice, Brennan s'est dit encouragé par l'évolution du Hezbollah, même si le mouvement conserve «un noyau terroriste». Je cite une de ses déclarations :

«Le Hezbollah a démarré comme une organisation purement terroriste dans les années 1980 et a évolué depuis lors. Il a aujourd'hui des députés, des ministres, des avocats, des médecins. (...) Je suis franchement ravi de voir que beaucoup de gens renoncent à la violence terroriste et tentent de diriger le processus politique dans un sens légitime.»

(Photo AFP)