Le représentant de New York Charlie Rangel, ex-pilier du Parti démocrate, avait perdu de sa superbe hier après que la Commission de l'Éthique de la Chambre des représentants eut publié les 13 chefs d'accusation auxquels il devra répondre à l'occasion d'un procès prévu en septembre, à quelques semaines des élections de mi-mandat, une confluence susceptible de nuire aux chances des démocrates de garder leur majorité à la chambre basse.

L'ancien président de la puissante Commission des Affaires fiscales n'avait cependant pas perdu son sens de la formule, comme le démontre cette déclaration :

«Il y a 60 ans, j'ai survécu à une attaque chinoise en Corée du Nord et j'ai écrit par la suite un livre dans lequel j'affirmais n'avoir pas connu depuis une mauvaise journée. Aujourd'hui, je dois réviser cette déclaration.»

L'acte d'accusation de la Commission de l'Éthique fait état d'une irrégularité présumée dont les médias n'avaient jamais parlé auparavant : la sollicitation de dons par l'élu de Harlem pour le financement du centre Charles B. Rangel destiné à célébrer sa carrière politique de plus de 40 ans. Une entreprise pétrolière aurait notamment promis en 2007 de verser un million de dollars au politicien pour la réalisation de ce projet après avoir demandé un allégement fiscal lui permettant d'épargner un demi-milliard de dollars. Après avoir obtenu l'allégement, l'entreprise a signé un premier chèque de 100 000$ pour le centre.

Rangel est également accusé d'avoir omis de payer les impôts ou rapporté les revenus de location d'une propriété dans les Caraïbes et d'avoir accepté d'un promoteur immobilier de New York quatre appartements à loyer contrôlé dans Harlem, dont l'un lui servait de bureau. Il a contesté chacune des accusations.

Selon la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui avait promis en 2006 de mettre un terme aux pratiques corrompues de la Chambre existant «sous la conduite des républicains», le procès de Rangel prouve que les démocrates ont réussi à «assécher le marais».