Le New York Times et Le Monde font partie des journaux internationaux qui publient aujourd'hui des dossiers sur la prison de Guantanamo (ici et ici) tirés de plus de 700 documents secrets révélés par WikiLeaks.

Le Times s'intéresse surtout aux 172 hommes qui sont encore détenus sur la base militaire américaine située dans l'île de Cuba. Le journal indique que ceux-ci ont été définis comme à «haut risque» car ils peuvent constituer une «menace future» contre les États-Unis et leurs alliés. Ce qui n'a pas empêché les États-Unis de libérer environ 200 prisonniers portant la même définition, une donnée qui illustre l'arbitraire d'un système de justice improvisé en passe de devenir une «institution durable», pour reprendre les termes du Times.

Un total de 779 personnes sont passées à Guantanamo depuis 2002. Près de 150 d'entre elles y ont été retenues pendant des années malgré leur innocence, selon les documents obtenus par le site de Julian Assange.

Le Monde, qui s'intéresse notamment aux machinations dont été victimes des dizaines de mineurs détenus à Guantanamo, offre cette description des documents :

Chacun de ces fichiers détaille l'état civil du détenu, les circonstances de sa capture, les résultats de ses interrogatoires, ses éventuels liens avec une organisation terroriste, son comportement en détention, l'évaluation du risque qu'il présente pour la sécurité des États-Unis et de ses alliés, et comporte une recommandation sur le sort qui doit lui être réservé par l'administration militaire américaine.

Pris dans leur ensemble, rédigés dans un jargon juridico-militaire mêlant procédure froide et détails humains parfois tragiques, ces fichiers et les notes d'instructions générales qui les accompagnent offrent l'image d'une entreprise judiciaire et pénitentiaire désespérée, créée pour tenter de maîtriser la menace à laquelle les États-Unis se sont trouvés confrontés dans l'immédiat après-11-Septembre, mais à laquelle ils n'ont jamais pu trouver de parade, ni rationnelle, ni respectueuse des critères d'un État de droit. Créée par l'administration de George W. Bush, la prison de Guantanamo est devenue, dans le reste du monde, le symbole des effets pervers de la «guerre mondiale contre la terreur», au point que Barack Obama s'est engagé à la fermer, pendant sa campagne électorale de 2008. Cependant, à ce jour, il n'y est pas parvenu et, neuf ans après sa création, 172 hommes y sont toujours détenus.

Le gouvernement américain a dénoncé la publication de ces documents secrets, faisant notamment valoir que ceux-ci ne reflétaient pas toujours les conclusions auxquelles est arrivée l'administration après avoir révisé les cas des détenus de Guantanamo.