«Il est temps de remettre la science au sommet de l'agenda», avait déclaré Barack Obama en arrivant à la Maison-Blanche, précisant que tous les progrès dans ce domaine ont été obtenus par «des dirigeants qui respectent l'intégrité des processus scientifiques». Le président voulait ainsi se démarquer de son prédécesseur républicain, qui avait souvent laissé la politique ou la religion prendre le dessus sur la science.

Or l'administration Obama a agi hier comme l'aurait peut-être fait l'administration Bush en refusant de suivre les recommandations des scientifiques de la Food and Drug Administration (FDA) au sujet de la pilule du lendemain. Ceux-ci ont conclu que cette contraception d'urgence pouvait être vendue sans ordonnance aux jeunes filles de moins de 17 ans, car elle ne représente aucun danger pour leur santé.

La secrétaire à la Santé Kathleen Sebelius a cependant ignoré la recommandation de la FDA et rejeté tout assouplissement de la réglementation au sujet de la vente de la pilule du lendemain. Elle a affirmé que le laboratoire Teva Pharmaceuticals, fabricant de la pilule Plan B-One Step, n'avait pas démontré que son produit ne représentait aucun danger pour les fillettes de 11 ans (10% des filles de cet âge peuvent avoir des enfants, a-t-elle précisé).

Et elle a mis en avant la différence de maturité entre les jeunes filles de 17 ans et plus et les adolescentes plus jeunes. Les scientifiques de la FDA avaient de leur côté fait valoir que les adolescentes comprenaient que la pilule du lendemain ne devait pas être utilisée de façon routinière et qu'elle ne les protégeait pas des MTS.

Selon cet article du New York Times, c'était la première fois qu'une secrétaire à la Santé renversait publiquement une recommandation de la FDA. À l'approche de la campagne présidentielle de 2012, le feu vert de l'administration Obama à la vente de la pilule du lendemain sans ordonnance à des jeunes filles de moins de 17 ans lui aurait sans doute valu les critiques de groupes et de politiciens conservateurs.

Kirsten Moore, présidente du Reproductive Health Technologies Project, a condamné la décision de l'administration Obama, ne voyant «rien de rationnel dans sa recommandation».

(Photo AP)