Aucune course sénatoriale ne coûte plus cher en 2012. Aucune n'attire plus l'attention des médias. Et aucune ne fait plus rire.

Depuis plus d'un mois, la course entre le sénateur républicain du Massachusetts Scott Brown et sa rivale démocrate Elizabeth Warren est dominée par une controverse loufoque à propos des origines ethniques de l'ancienne conseillère de Barack Obama, qui est une des bêtes noires de Wall Street.

Voici les faits, tels que présentés aujourd'hui dans cet article du New York Times : Warren a revendiqué par le passé des racines amérindiennes sans pouvoir en offrir la preuve. Un généalogiste qui avait affirmé pouvoir démonter que la native de l'Oklahoma avait quelques traces de Cherokee dans son ADN a plus tard admis qu'il ne pouvait trouver les documents originaux lui permettant d'étayer ses dires.

Dans les années 1980 et 1990, Warren s'est d'autre part classée elle même comme une «minorité» dans un répertoire juridique, une manoeuvre qui avait pour but de faciliter son ascension professionnelle selon ses critiques. En 1996, un responsable de Harvard, où elle enseigne, l'a décrite dans une entrevue au Harvard Crimson comme une amérindienne (Native American). Un article publié en 1997 dans la revue de droit de l'université Fordham citait le même responsable qualifiant Warren de «première femme de couleur» de Harvard.

Depuis le début de la controverse, Warren se défend en faisant valoir que sa famille a toujours raconté qu'elle comptait parmi ses descendants des membres des tribus Cherokee et Delaware. Elle a précisé qu'elle n'avait pas été mise au courant des commentaires du responsable de Harvard concernant ses origines ethniques. Des responsables des facultés de droit où elle a travaillé ont indiqué que les origines ethniques de Warren n'avaient pas compté dans son embauche ou ses promotions.

Qu'à cela ne tienne, Scott Brown et les médias conservateurs se bidonnent depuis un mois en parlant des origines amérindiennes de Warren, une femme blonde aux yeux bleus qui pourrait difficilement avoir l'air plus WASP qu'elle l'est.

Mais le ridicule n'a pas encore tué Warren, si l'on se fie à un sondage de l'Université Suffolk rendu public hier : Brown récolte 48% des intentions de vote contre 47% pour la candidate démocrate.