C'est aujourd'hui que les électeurs du Wisconsin vont aux urnes dans le cadre d'un scrutin dit de rappel (recall) qui oppose le gouverneur républicain Scott Walker et au maire démocrate de Wilwaukee Tom Barrett.

Comme je l'expliquais hier dans cet article, ce vote est l'aboutissement d'une longue bataille qui a commencé peu après l'assermentation de Walker à titre de gouverneur et qui aura un impact sur la course à la Maison-Blanche :

Porté au pouvoir en novembre 2010 par la vague conservatrice et populiste du Tea Party, (Scott Walker) a eu tôt fait de susciter la controverse en s'attaquant aux acquis et aux droits des employés du secteur public du Badger State.

Au nom de la rigueur budgétaire, ce fils d'un pasteur très pieux a d'abord proposé de couper dans les retraites et l'assurance-santé des fonctionnaires puis de réduire leur droit de négocier des conventions collectives. Ces propositions ont fini par être adoptées, mais pas avant de donner lieu à Madison, capitale de l'État, à plusieurs semaines de manifestations auxquelles ont participé des centaines de milliers de syndiqués, d'étudiants et de citoyens ordinaires.

Elles ont aussi motivé des centaines de militants à recueillir près d'un million de signatures en faveur d'une procédure de destitution visant Scott Walker, soit trois fois plus que le nombre requis.

Le gouverneur est favori pour l'emporter, même si les derniers sondages laissent présager un résultat serré. Il aura bénéficié d'un avantage financier considérable durant sa campagne, ayant récolté 30,5 millions de dollars depuis la fin de 2011, dont les deux tiers sont venus de donateurs vivant à l'extérieur du Wisconsin. Parmi eux figurent des milliardaires bien connus, dont les frères Koch et le magnat des casinos Sheldon Adelson, qui partagent sa hantise des syndicats et sa préférence pour un État le plus «limité» qui soit.

Tom Barrett, dont la campagne a commencé en mars, aura dû se contenter de 4 millions de dollars, dont le quart est venu de l'extérieur du Wisconsin.

Si Scott Walker perd, il deviendra le troisième gouverneur d'un État américain à être destitué à la suite d'une telle procédure. Le plus récent aura été le gouverneur de Californie Gray Davis, qui avait perdu son poste en 2003 au profit d'Arnold Schwarzenegger.

L'enjeu de cette bataille n'échappe à personne. Une victoire de Scott Walker encouragerait d'autres gouverneurs républicains à imiter son approche. Elle représenterait aussi une confirmation de la force du Tea Party et du sentiment anti-gouvernement, anti-taxes et anti-Obama qui a contribué à sa naissance. Et elle constituerait un excellent présage pour la campagne de Mitt Romney dans un État qui a l'habitude de voter pour le candidat présidentiel du Parti démocrate.