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Dianne Feinstein a l'habitude de défendre en public les programmes du renseignement américain, y compris ceux de la NSA. D'où l'émoi autour de sa remarquable sortie contre la CIA hier au Sénat, où elle préside la commission sur le Renseignement.

Lors d'un discours de 45 minutes, la sénatrice de Californie a accusé l'agence de renseignement d'avoir violé la Constitution en fouillant des ordinateurs utilisés par des enquêteurs parlementaires. Ceux-ci ont produit en 2012 un rapport de 6 300 pages qui n'a pas encore été déclassifié sur les techniques d'interrogatoire de la CIA sous George W. Bush.

Des centaines de documents qui se trouvaient dans les ordinateurs des enquêteurs du Sénat ont disparu, selon Feinstein. Ces documents proviendraient de la propre enquête de la CIA sur les techniques d'interrogatoire, et porteraient notamment sur la destruction en 2005 des vidéos réalisées par l'agence au cours de certains interrogatoires de membres d'Al-Qaïda où la simulation de noyade a été utilisée.

Le directeur de la CIA, John Brennan, a nié hier que des employés de la CIA ont espionné ou piraté les ordinateurs des enquêteurs de la commission du Renseignement. L'inspecteur général de la CIA a demandé de son côté au ministère de la Justice d'enquêter sur l'appropriation par les enquêteurs du Sénat de documents auxquels ceux-ci n'auraient pas dû avoir accès selon le directeur de l'agence.

Le New York Times publie aujourd'hui un éditorial sur cette affaire, accusant la CIA de «camouflage» et Barack Obama d'avoir contribué à la controverse actuelle en refusant de mener sa propre enquête sur l'emploi de la torture sous la présidence de son prédécesseur.