Je dois avouer ne pas avoir vu à New York des squeegee men depuis des lunes, mais le New York Post n'annonce pas moins aujourd'hui le retour de ceux qui étaient un «symbole de désordre» au début des années 90, pour reprendre les mots du chef du NYPD de l'époque.

«Les squeegee men sont de retour et terrorisent les rues de New York», clame le titre de cet article du Post. Terrorisent?

La Une et l'article du quotidien de Rupert Murdoch ne sont pas le fruit du hasard. Ils font suite aux critiques de la théorie de la «vitre brisée», dont le chef de police actuel, William Bratton, est l'un des premiers praticiens. Selon cette théorie, la lutte sans merci aux petits délits qui nuisent à la qualité de la vie urbaine est la meilleure façon de prévenir les infractions majeures.

Ces critiques interviennent à New York à la suite de la mort d'Eric Garner, cet Afro-Américain de Staten Island décédé le 17 juillet lors de son arrestation musclée pour revente présumée de cigarettes à l'unité. Cette semaine, le Daily News, principal concurrent du Post, a publié une enquête démontrant que les policiers du NYPD ciblaient les Noirs et les Latinos de façon disproportionnée dans leur campagne contre les petits délits.

Dans un éditorial récent, le New York Times a de son côté mis en doute le lien entre l'application de la théorie de la «vitre brisée» et la chute de la criminalité à New York. Des villes n'ayant pas appliqué cette théorie ont également connu des baisses de criminalité, ont fait valoir des chercheurs.

Aux yeux du Post, ces critiques s'inscrivent dans une «guerre contre les flics». Et le quotidien croit aujourd'hui avoir trouvé une bonne façon de contre-attaquer.