Citigroup et les autres grandes banques américaines disent aujourd'hui merci au représentant républicain du Kansas Kevin Yoder et à tous ses collègues de la Chambre qui ont assuré hier soir l'adoption d'un «paquet» budgétaire de 1 600 pages qui doit assurer le financement de l'État fédéral jusqu'au 30 septembre 2015.

Le représentant Yoder est celui qui a inséré dans ce texte une mesure destinée à annuler une disposition de la loi Dodd-Frank qui a réformé le système financier après la crise de 2008. Cette disposition force aujourd'hui les banques à séparer leurs transactions les plus risquées dans des entités distinctes, non assurées par le gouvernement fédéral.

Or, selon cet article du New York Times, l'auteur de cette disposition n'est pas le représentant Yoder mais les lobbyistes de Citigroup, l'une des banques susceptibles de profiter de ce changement qui, selon la sénatrice démocrate du Massachusetts Elizabeth Warren, «permettrait aux traders de produits dérivés à Wall Street de jouer avec l'argent du contribuable et de se faire renflouer par l'État quand leurs paris risqués menacent de faire s'écrouler le système financier».

La Maison-Blanche s'est élevée contre l'élimination de la disposition tout en demandant aux démocrates de la Chambre d'appuyer le paquet budgétaire, au prétexte qu'une loi de finance adoptée l'an prochain, au moment où les républicains seront maîtres absolus du Congrès, serait encore pire. La chef de la minorité démocrate à la Chambre, Nancy Pelosi, a voté contre la loi, tout en encourageant les membres de son groupe de voter selon leur conscience.

Fruit de nombreux compromis, le paquet budgétaire adopté hier par seulement 219 voix contre 206 ne touche pas au financement de l'Obamacare jusqu'en septembre prochain et du ministère de la Sécurité intérieure, chargé d'appliquer notamment le récent décret présidentiel sur l'immigration, jusqu'en février prochain, ce qui suscite la colère de plusieurs conservateurs.

Le sénatrice Warrem appuyée, par le sénateur républicain de Louisiane David Vitter, s'est promise de lutter contre la disposition dictée par Wall Street au Sénat. En attendant, Citigroup et cie remercient leurs serviteurs de la Chambre.

La loi de finance doit être approuvée par les deux chambres du Congrès dans les 48 heures pour éviter une paralysie de l'État fédéral.