Si l'on fait exception de la partie du débat consacrée aux affaires internationales, Bernie Sanders est sorti grandi de l'affrontement entre les candidats démocrates qui a eu lieu hier soir à Charleston, en Caroline-du-Sud.

Le sénateur du Vermont n'a pas terrassé sa principale rivale, Hillary Clinton, qui a également fourni une bonne performance. Mais il lui a certainement tenu tête et confirmé le sérieux de sa candidature aux yeux de tous les électeurs démocrates qui souhaitent un renversement du statu-quo politique.

L'ancienne secrétaire d'État a tenté de miner la crédibilité de Sanders en l'attaquant sur les armes à feu («il a voté en faveur de la NRA, du lobby des armes à feu, à plusieurs reprises», a-t-elle dit) et en critiquant sa proposition d'instaurer un système de santé universel («Nous avons la loi sur les soins abordables, une des plus grandes réalisations du président Obama. Continuons à l'améliorer», a-t-elle dit). Mais son ton agressif et négatif lui a probablement nui.

Sanders n'a pas ménagé Clinton non plus, faisant notamment allusion aux honoraires que lui a versés Goldman Sachs pour des conférences. Mais il s'est concentré sur les thèmes qui semblent contribuer à sa popularité en Iowa et au New Hampshire, dénonçant «une économie manipulée», «un système de financement politique corrompu», «les millionnaires et les milliardaires» et appelant à une «révolution politique».

Ce message pourrait très bien ne pas suffire à Sanders pour remporter l'investiture démocrate. Il fait face en Hillary Clinton à une adversaire qui promet de protéger l'héritage de Barack Obama, qui demeure très populaire chez les démocrates, et notamment ceux qui sont issus de la communauté noire. L'ancienne secrétaire d'État n'a d'ailleurs raté aucune chance de s'identifier au bilan d'Obama et de rappeler que Sanders s'était montré critique du président par le passé.

Entre la révolution proposée par Sanders et la continuité incarnée par Clinton, les démocrates devront faire un choix moins prévisible que celui auquel on s'attendait au début de cette course.

La vidéo qui coiffe ce billet résume en quatre minutes un débat qui a duré deux heures. Elle contient des interventions de l'ancien gouverneur du Maryland Martin O'Malley, qui a eu du mal à se faire entendre.