Passons maintenant à aujourd'hui, ou plutôt à hier : loin de mettre en doute l'analyse du Bureau du budget du Congrès (CBO) sur les retombées du plan de Ryan pour remplacer l'Obamacare ou de l'ignorer (comme l'a fait le Drudge Report), Breitbart en a fait ses choux gras hier, comme si celle-ci était parole d'Évangile.

Mais Breitbart ne s'est pas arrêté là. Quelques heures après la publication de l'analyse du CBO, Breitbart a diffusé un document audio dans lequel on entend Ryan dire qu'il ne défendra pas «Donald Trump, pas aujourd'hui et pas dans l'avenir». C'était à l'époque où le candidat républicain à la présidence était accusé d'être un peloteur ou un agresseur de femmes.

Le message de Breitbart semble être celui-ci : Ryan n'a jamais placé au premier rang de ses préoccupations l'intérêt de notre héros, Donald Trump. Aussi ne faut-il pas se surprendre s'il a présenté un plan qui brise la promesse de Trump de ne pas toucher au programme d'assurance-santé Medicaid pour les pauvres et les handicaps, programme qui perdra 800 milliards de dollars sur dix ans si le plan Ryan passe. Pas plus qu'il ne faut s'étonner qu'il ait proposé un projet de loi qui trahit le populisme de Trump en offrant une réduction d'impôts de 600 milliards de dollars aux Américains les plus riches plutôt que de réaliser l'engagement du chef de la Maison-Blanche de couvrir «tout le monde».

Il y a peut-être aussi quelqu'un au sein même de la Maison-Blanche qui tente d'affaiblir la position de Ryan. Pendant que des républicains du Congrès contestaient les données du CBO, cet individu a remis hier au journal Politico une analyse de la Maison-Blanche prédisant que le plan Ryan priverait 26 millions d'Américains de leur couverture-santé d'ici 2026.

Cet individu serait-il Bannon?

L'approche de Breitbart fait évidemment l'impasse sur le fait que Trump a endossé la semaine dernière le «beau projet de loi» de Ryan.