«Voici l'accusation : neuf personnes impliquées dans la transaction ont fait des dons à la Fondation Clinton totalisant plus de 145 millions de dollars. En échange, la secrétaire d'État [Hillary] Clinton a approuvé la vente aux Russes - un quid pro quo.»

L'animateur de Fox News Shepard Smith a résumé ainsi hier la théorie qui incite plusieurs républicains, dont Donald Trump, à réclamer la nomination par Jeff Sessions d'un procureur spécial pour enquêter sur le rachat par le groupe russe Rosatom de la société minière canadienne Uranium One, qui possédait des gisements aux États-Unis. Comme on peut le constater en regardant la vidéo qui coiffe ce billet, il a démantelé de belle façon cette théorie qui ne tient pas la route pour peu qu'on s'intéresse aux faits.

En voici trois : l'approbation de la transaction ne relevait pas seulement de Clinton mais de neuf agences fédérales, dont le département d'État (les représentants de ces agences ont donné le feu vert à l'unanimité); les dons de 145 millions de dollars à la Fondation Clinton incluent 141 millions de dollars versés par le financier Frank Giustra, dont les liens avec Uranium One ont, selon toute apparence, pris fin en 2007, soit trois ans avant le rachat de la société par Rosatom et deux ans avant l'arrivée de Clinton au département d'État; pas un gramme d'uranium n'a quitté les États-Unis.

La plupart des lecteurs de ce blogue connaissent ces faits. Ce qui est extraordinaire, c'est que Smith les ait communiqués de façon aussi claire et directe aux téléspectateurs d'une chaîne gavés par les Sean Hannity, Tucker Carlson et Jeanine Pirro de théories fumeuses sur l'affaire Uranium One.

La mise au point de Smith est intervenue au lendemain de l'envoi d'une lettre du ministère de la Justice à la commission des Affaires judiciaires de la Chambre des représentants informant ses membres que des procureurs fédéraux sont en train d'examiner l'opportunité de nommer un procureur spécial pour enquêter sur l'affaire Uranium One ou d'autres dossiers liés à Clinton.

En prenant connaissance de cette lettre, un représentant démocrate de Californie, Adam Schiff, a déclaré sur Twitter qu'une telle nomination précipiterait «la fin du ministère de la Justice en tant qu'institution indépendante». On se retrouverait en effet devant une Justice transformer sous l'influence d'un président aux abois en outil de revanche politique ou de diversion médiatique.

Mais Jeff Sessions a rassuré certains de ses critiques hier lors d'un échange avec le représentant républicain d'Ohio Jim Jordan, qui a repris son rôle de fin limier après sa débandade dans l'affaire Benghazi :