Donald Trump s'est déjà targué de comportements dignes d'un prédateur sexuel, vantardises qu'il a plus tard qualifiées de «propos de vestiaire» mais qui ont néanmoins poussé 20 femmes à l'accuser publiquement d'inconduites sexuelles. L'une a intenté une poursuite contre lui pour diffamation (l'affaire suit son cours).

En tant que prédateur sexuel présumé, le 45e président des États-Unis se retrouve ainsi dans une position délicate alors que déferlent les révélations d'inconduites sexuelles concernant des personnalités des médias, du cinéma, de la haute technologie et de la politique. Or, jusqu'à aujourd'hui, il avait observé le silence dans le cas de Roy Moore, candidat républicain à l'élection spéciale de l'Alabama pour un siège au Sénat.

L'ancien chef de la Cour suprême de l'Alabama, pourfendeur de l'homosexualité et de l'islam, est accusé de comportements criminels ou douteux avec plusieurs adolescentes alors qu'il était dans la trentaine. L'une dénonce des attouchements sexuels alors qu'elle avait 14 ans et une autre raconte avoir été agressée sexuellement à 16 ans par celui qui était alors un procureur local.

Aujourd'hui, donc, Trump est venu à la défense de Moore en rappelant que le candidat républicain avait nié les allégations formulées par les femmes contre lui. «Il a dit que ce n'était pas arrivé et, vous savez, vous devez aussi l'écouter», a déclaré le président avant de quitter Washington pour la Floride, où il passera le congé de Thanksgiving.

«Nous n'avons pas besoin d'une autre personne libérale (...), un démocrate», a-t-il également dit en encourageant ni plus ni moins les électeurs d'Alabama à voter pour le candidat soupçonné de pédophilie plutôt que pour son rival démocrate, Doug Jones, ancien procureur fédéral en Alabama.

La déclaration de Trump tranche avec celle de plusieurs républicains, dont Jeff Sessions, Richard Shelby, l'autre sénateur d'Alabama, et Ivanka Trump, qui ont prêté foi aux témoignages des accusatrices de Moore.

«Il y a une place spéciale en enfer pour ceux qui s'attaquent aux enfants et je n'ai aucune raison de douter des témoignages des victimes», a dit la fille de Trump la semaine dernière.

Bien sûr, si Donald Trump avait fait de même, il aurait implicitement donné raison à ses propres accusatrices.