Je faisais état hier d'une théorie du complot propagée par les défenseurs de Donald Trump selon laquelle une «société secrète» existe au sein du FBI dont l'objectif est de causer la perte du président. La théorie a été adoptée au début de la semaine par le sénateur républicain du Wisconsin Ron Johnson qui a cité l'emploi de cette expression - «société secrète» - dans un texto échangé par Peter Strzok et Lisa Page, respectivement agent et avocate du FBI, et amants à l'époque.

ABC News a dévoilé hier soir le contenu de ce texto rédigé par Page le lendemain de l'élection de Donald Trump à la présidence : «Vas-tu donner tes calendriers? Cela m'apparaît plutôt déprimant. Ça devrait peut-être être simplement la première réunion de la société secrète.»

Le texto fait référence aux calendriers russes qui devaient être distribués aux agents et analystes du FBI affectés à l'enquête sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle. Résultat : le sénateur Johnson a admis aujourd'hui «la possibilité réelle» que le texto énigmatique était tout simplement une blague.

Parlant de textos : l'inspecteur général du ministère de la Justice a informé aujourd'hui le Congrès que des textos échangés par Strzok et Page entre décembre 2016 et mai 2017 avaient été retrouvés grâce à des outils de pointe. Les républicains, dont Donald Trump, avaient fait grand cas de la perte de ces textos, la comparant à 18 minutes manquantes dans les enregistrements de la Maison-Blanche durant le scandale du Watergate. Il faut noter que la perte de textos pendant la période en question a touché plus de 1 000 téléphones Samsung 5 remis par le FBI à ses employés, et non pas seulement ceux de Strzol et Page.

Strzok, rappelons-le, a été retiré de l'équipe d'enquête du procureur spécial Robert Mueller chargé de l'enquête russe après la découverte par ce dernier de ses textos à Page qui mettaient en cause leur professionnalisme. Aux yeux des défenseurs de Donald Trump, l'agent spécialisé dans le contre-espionnage fait partie de cette cabale anti-Trump au sein du FBI.

Ce qui nous amène à parler du fameux mémo de Devin Nunes dont j'ai également fait état hier. Dans une lettre adressée à Nunes, président de la Commission sur le Renseignement de la Chambre des représentants, un haut responsable du ministère de la Justice affirme qu'il est «extraordinairement imprudent» de la part des républicains du Congrès de promouvoir la diffusion publique de ce mémo.

«Nous ne comprenons pas pourquoi la Commission voudrait dévoiler des informations policières classifiées sans consulter d'abord les membres concernés de la communauté du renseignement», a écrit Stephen Boyd.

Les critiques de Nunes ont leur propre théorie : Nunes et les républicains veulent obtenir la permission de publier un mémo fondé sur une analyse tendancieuse d'informations classifiées afin de miner la crédibilité du FBI et de protéger le président.