Pourquoi l'aumônier de la Chambre des représentants a-t-il été viré il y a deux semaines? Le président de la Chambre, Paul Ryan, jure que sa décision de limoger le père Pat Conroy n'avait rien à voir avec la politique. Lors d'une rencontre avec les membres du groupe républicain, il a expliqué que des plaintes concernant le travail pastoral du prêtre avaient motivé sa décision.

Le père Conroy offre une toute autre explication. Dans une interview au New York Times, il a raconté que Ryan lui avait demandé de démissionner après une prière qu'il a récitée en novembre dernier alors que faisait rage à la Chambre le débat sur les réductions d'impôts massives voulues par les dirigeants républicains de la Maison-Blanche et du Congrès.

Je cite un extrait de cette prière :

«Que tous les membres soient conscients que les institutions et les structures de notre grande nation garantissent les opportunités qui ont permis à certains d'obtenir de grands succès, alors que d'autres continuent à avoir des difficultés. Que leurs efforts garantissent qu'il n'y ait pas de gagnants et de perdants mais des avantages équilibrés et partagés par tous les Américains.»

Après cette prière, selon le père Conroy, Ryan lui a dit : «Padre, ne vous mêlez pas de politique.»

Comme le père Conroy, Ryan est de confession catholique.

Un représentant républicain a mis de l'huile sur le feu cette semaine en émettant publiquement le souhait que le père Conroy soit remplacé par un religieux capable de mieux comprendre les élus qui ont des femmes et des enfants. Traduction : le prochain aumônier de la Chambre ne devrait pas être un prêtre catholique.

À la lecture de l'article du Times, on comprend que certains stratèges estiment que cette controverse pourrait avoir des retombées électorales en novembre. Perso, je doute que les catholiques du Michigan et de l'Ohio se souviendront du limogeage du père Conroy lorsqu'ils iront aux urnes.

Mais cette controverse en dit quand même long sur le christianisme et les républicains d'aujourd'hui. La grande majorité des évangéliques acceptent d'être dirigés à la Maison-Blanche par un pécheur impénitent qui, en plus d'être un menteur invétéré, se vante d'être un agresseur sexuel et s'arrange vraisemblablement pour acheter le silence de certaines femmes avec lesquelles il commet l'adultère.

Et l'élu catholique le plus puissant du pays punit vraisemblablement un prêtre pour avoir défendu les moins fortunés.

Doux Jésus!