La police chypriote était jeudi aux trousses d'un Canadien arrêté sur l'île méditerranéenne pour ses liens avec un réseau d'espionnage russe présumé démantelé aux États-Unis et qui s'est volatilisé vingt-quatre heures après avoir été placé sous contrôle judiciaire.

Les États-Unis n'ont pas caché leur contrariété face à la disparition de Christopher Robert Metsos, 54 ans. «Nous sommes déçus que Christopher Metsos ait été libéré sous caution après son arrestation à Chypre», a déclaré à la presse Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine.

«Comme nous le craignions, on lui a donné inutilement la possibilité de s'enfuir et c'est ce qu'il a fait», a ajouté le porte-parole.

Le ministre chypriote de la Justice Loucas Louca avait affirmé plus tôt être confiant quant à une arrestation du suspect, indiquant disposer d'informations sur sa localisation.

«Nous avons des informations. Nous savons en gros où il se trouve», a-t-il dit sans donner plus de précision. «Nous avons des informations et j'espère que nous l'arrêterons bientôt», a-t-il ajouté.

Tous les points de sortie de l'île -ports et aéroports- ont été placés sous haute surveillance tout comme la zone tampon qui sépare le Sud à majorité grecque, où Christopher Robert Metsos a été interpellé mardi, de la République turque de Chypre du nord (RTCN), a-t-on indiqué de source policière.

Un mandat d'arrêt a été émis à l'encontre de l'homme qui pourrait tenter de trouver refuge en RTCN, entité qui échappe à tout contrôle international et n'est liée par aucun traité d'extradition à d'autres pays en raison de son statut d'État autoproclamé reconnu par la seule Turquie.

Un appel à témoins et une photo de l'homme recherché, aux yeux bleus et portant une fine moustache grise, ont été diffusés.

Des policiers spécialisés avaient été chargés de le suivre de très près, a indiqué le journal Alithia, estimant que sa capacité à échapper à la vigilance des policiers «soulève de nombreuses questions».

«Si nous l'avions surveillé 24H/24, cela aurait constitué une restriction et une violation de ses droits», a rétorqué jeudi le porte-parole du gouvernement, Stefanos Stefanou.

L'île est «une plaque tournante traditionnelle pour des agents opérant dans le monde arabe, l'ex-Union soviétique, les États-Unis et la Grande-Bretagne», indiquait pour sa part le quotidien en langue anglaise Cyprus Mail.

Chypre, en Méditerranée orientale, compte une importante communauté russe et les autorités chypriotes entretiennent de bonnes relations avec Moscou.

Arrivé le 17 juin à Chypre, Christopher Metsos, qui faisait l'objet d'une notice rouge d'Interpol, avait été appréhendé mardi à l'aéroport de Larnaca au moment où il s'apprêtait à prendre un vol pour Budapest. Il avait été libéré le jour même contre une caution de 26.500 euros, en attendant son éventuelle extradition vers les États-Unis où il est recherché pour espionnage au profit de la Russie et blanchiment de 40.000 dollars (32.800 euros).

Le juge l'avait placé sous contrôle judiciaire considérant les risques de fuite comme faibles. Mais, mercredi soir, Christopher Metsos ne s'est pas présenté à la police de Larnaca comme il aurait dû le faire.

Les autorités américaines avaient annoncé lundi un coup de filet contre dix personnes accusées de travailler aux États-Unis pour le compte de la Russie, précisant qu'un onzième individu était en fuite. Elles sont poursuivies pour espionnage et, pour neuf d'entre elles, pour blanchiment d'argent.