Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a reçu mardi dans la Bolivie socialiste d'Evo Morales le soutien qu'il venait chercher en tournée sud-américaine: l'appui au «droit légitime» de pays comme l'Iran à développer le «nucléaire pacifique», face aux soupçons de l'Occident.

Ahmadinejad, reçu avec les honneurs militaires à La Paz pour une visite de six heures, y a signé des accords dans le domaine de la santé et de l'exploitation du lithium, concrétisant une coopération intensifiée depuis deux ans, avec un de ses alliés sud-américains.

Après des entretiens à la présidence, MM. Ahmadinejad et Morales ont dans une déclaration commune réaffirmé le «droit légitime de tous les pays à utiliser et développer l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, dans le cadre du droit international».

Dans leur communiqué, ils condamnent la «double morale de certains» pays sur le nucléaire. Et demandent en particulier aux détenteurs de l'arme nucléaire qu'«en conformité avec leurs engagements internationaux (...) ils adoptent au plus vite les mesures nécessaires pour l'éliminer».

En Bolivie, comme au Venezuela d'Hugo Chavez, sa prochaine étape mardi soir, M. Ahmadinejad cherche à faire contrepoids à son isolement international sur le nucléaire: l'Iran est accusé par des pays occidentaux de chercher à acquérir l'arme atomique sous couvert d'activités civiles.

La veille au Brésil, M. Ahmadinejad avait reçu un soutien similaire de Luiz Inacio Lula da Silva sur le nuclaire civil, à une forte nuance près: Lula l'a encouragé au dialogue avec les puissances occidentales, en vue d'une «solution juste et équilibrée» de la question nucléaire en Iran.

Moins de réserves dans le soutien d'Evo Morales. Le président bolivien et M. Ahmadinejad se sont plusieurs fois mutuellement félicités ces dernières années pour leur «posture anti-impérialiste».

Et ils ont déjà signé, fin 2007, une déclaration similaire sur le nucléaire, lors d'une précédente visite de M. Ahmadinejad.

De fait, la Bolivie, qui possède une dizaine de gisements d'uranium à l'état naturel, est devenue depuis suspecte aux yeux de l'Occident, a fortiori quand Morales a déclaré, comme en octobre, qu'il pourrait un jour en fournir à l'Iran, mais uniquement «à des fins de développement».

Maintes fois, La Paz a affirmé qu'il n'avait pas à ce jour la capacité industrielle d'exploiter le minerai.

Les réserves d'uranium du pays n'ont jamais été communiquées, mais sont relativement modestes, selon des experts indépendants.

Le directeur général sortant de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed El Baradei, en visite à La Paz en mars avait proposé à la Bolivie l'appui de l'AIEÀ pour explorer gisements et programmes d'usage civil de l'uranium.

MM. Morales et Ahmadenijad ont signé jeudi deux documents, dans la lignée d'un accord-cadre fin 2007 d'un montant de 1,2 milliards de dollars, une coopération de poids à l'échelle de la Bolivie, pays le plus pauvre d'Amérique du Sud.

Ils portent sur l'aide par l'Iran à la construction de centres de dyalise, pour 1 million de dollars, et sur l'association de l'Iran au processus d'industrialisation du lithium, le métal mou considéré comme le futur «or gris» de la Bolivie, pour son usage dans les batteries de voitures électriques.

L'Iran y sera notamment associé via l'échange d'informations scientifiques, la formation de spécialistes boliviens et l'étude de commercialisations possibles sur le marché iranien.