L'ancien président américain Jimmy Carter s'est entretenu mardi avec le chef du gouvernement du Hamas Ismaïl Haniyeh à Gaza, où il a dénoncé le blocus israélien estimant que les Palestiniens était traités comme des «animaux».

Après ses discussions avec M. Haniyeh, il a appelé à la fin de «toutes les violences» dont sont victimes les Palestiniens et les Israéliens.

M. Carter s'est rendu sur des sites détruits par l'offensive israélienne de décembre/janvier qui a fait plus de 1.400 morts palestiniens, visitant une école américaine détruite dans un raid aérien israélien.

«Je suis très affecté. Je dois retenir mes larmes en voyant la destruction infligée à votre peuple», a-t-il déclaré.

«Je suis venu à l'école américaine. Elle éduquait vos enfants, elle était financée par mon pays et je constate qu'elle a été délibérément détruite par des bombes larguées par des F-16 fabriqués dans mon pays. Je me sens en partie responsable pour ce qui s'est passé et tous les Américains et les Israéliens doivent avoir le même sentiment», a-t-il ajouté.

«Ce n'est pas bien de voir cette destruction, mais ce n'est pas bien non plus de voir des roquettes tomber sur Sdérot (en Israël). Toute cette violence doit cesser», selon lui.

M. Carter s'est ensuite entretenu à Gaza avec des responsables de l'Unrwa, l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens.

Il a déploré le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis juin 2007, où la situation humanitaire est décrite comme alarmante par des ONG internationales.

«Tragiquement, la communauté internationale reste trop souvent indifférente aux cris de détresse, et les citoyens de Palestine sont traités comme des animaux (...)», selon lui.

 «Mon pays et nos amis en Europe doivent faire tout ce qui est nécessaire pour convaincre Israël et l'Egypte d'autoriser l'entrée des produits de première nécessité à Gaza. En même temps les roquettes (sur Israël) doivent cesser», a-t-il ajouté.

M. Haniyeh a affirmé soutenir la création d'un Etat palestinien dans les territoires occupés par Israël en 1967, sans évoquer le droit à l'existence de l'Etat hébreu que son mouvement refuse de reconnaître.

 «S'il existe un plan réel visant à résoudre le problème palestinien sur la base de la création d'un Etat palestinien dans les frontières de 4 juin 1967 et jouissant d'une pleine souveraineté, nous y sommes favorables», a-t-il dit.

Le Hamas, considéré comme une organisation terroriste en Occident, dit lutter pour la création d'un Etat englobant Gaza, la Cisjordanie occupée et l'actuel territoire israélien.

Mais il a affirmé ces derniers mois être prêt à accepter un Etat palestinien seulement dans les territoires occupés en 1967 en échange d'une trêve de longue durée avec Israël, sans reconnaissance de ce dernier.

Vendredi à Jérusalem, M. Carter s'était fait remettre par le père du soldat israélien Gilad Shalit, détenu à Gaza depuis son enlèvement le 25 juin 2006, une lettre destinée à son fils.

M. Haniyeh a dit que l'ex-président avait évoqué la question de Shalit «avec des dirigeants du Hamas», sans préciser si la lettre leur avait été remise.

Il s'est dit favorable à une intervention de M. Carter en vue de faciliter un échange entre Shalit et des centaines de prisonniers palestiniens détenus par Israël.