Cessons les bilans, place à l'action. Pendant son second voyage en Haïti à titre de gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean veut mettre l'accent sur la nécessité pour son pays natal de se doter d'«une stratégie solide de développement humain, de développement durable».

À son arrivée sur le tarmac de l'aéroport Toussaint-Louverture à Port-au-Prince, hier après-midi, la gouverneure générale était vêtue d'une tenue sobre: un tailleur beige et un collier de coquillages blancs. Comme si elle voulait démontrer sa solidarité avec les millions d'Haïtiens éprouvés par la crise alimentaire qui secoue durement ce petit pays des Antilles.

 

«L'heure des bilans est maintenant dépassée, nous sommes au temps de l'action. Voilà pourquoi je suis ici», a-t-elle dit à sa sortie de l'avion, accompagnée de son conjoint Jean-Daniel Lafond. Quand la fanfare du Palais national s'est mise à jouer l'hymne haïtien, la gouverneure générale n'a pu s'empêcher de le murmurer. «C'est un moment extrêmement émouvant pour moi», a-t-elle expliqué en français avant de poursuivre son allocution en créole.

Le président du pays le plus pauvre d'Amérique, René Préval, a accueilli le couple à l'aéroport. «Je remercie le Canada de son support dans les moments difficiles», a-t-il dit. Haïti est le pays qui reçoit le plus de financement du Canada pour des projets d'aide au développement après l'Afghanistan.

«Il y a eu de nombreux bilans (sur les besoins du pays). Ces bilans remontent à des décennies (...) Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il est temps de passer vraiment à des actions concrètes pour consolider ce qui a déjà été entrepris et pousser encore plus loin, avec une coordination plus solide, ce qu'il reste à faire», a précisé Mme Jean lors d'une courte période de questions devant la presse haïtienne.

Stratégie haïtienne

L'aide canadienne doit correspondre aux besoins des Haïtiens, a insisté la gouverneure générale. «Il est important que nous prenions en considération une stratégie issue du désir haïtien d'abord, issue d'une évaluation haïtienne d'abord, pour voir comment nous pouvons arrimer nos efforts et faire en sorte que là où nous intervenons, ça corresponde vraiment à une vision, une évaluation, une stratégie haïtienne», a-t-elle expliqué.

Le couple entamait, hier, sa «visite de travail» de quatre jours faite à la demande du premier ministre Stephen Harper. La gouverneure générale et son époux se rendront notamment aux Cayes et à Ennery, près des Gonaïves, deux zones ravagées par la série d'ouragans et de cyclones meurtriers qui ont frappé le pays à la fin de l'été dernier. Ces catastrophes naturelles ont aggravé la crise alimentaire déjà existante. Le couple y visitera des projets d'aide humanitaire financés par le Canada.

Encouragement

Michaëlle Jean est venue pour la première fois à titre de gouverneure générale au moment de l'investiture du président Préval en mai 2006. Elle avait alors fait un vibrant plaidoyer pour que le peuple haïtien rompe avec son passé. «La misère ne peut pas être quelque chose qui définit ce pays», avait-elle dit. Sa seconde visite suscite encore une fois, beaucoup d'intérêt, notamment chez les journalistes haïtiens. «Michaëlle nous montre que l'origine importe peu. Ça nous encourage. Elle vient d'un milieu modeste et elle a réussi. Elle est très charmante, en plus», a dit à La Presse Roberson Alphonse, journaliste au quotidien haïtien Le Nouvelliste.

 

Silence !

La gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, a refusé de commenter, hier sa décision d'accorder au premier ministre Stephen Harper la permission de suspendre les travaux du Parlement jusqu'au 26 janvier. Cette décision a permis à M. Harper d'éviter la chute de son gouvernement à la Chambre des communes. Mme Jean n'a jamais fait de commentaire à ce sujet. «Ma priorité actuellement est de rencontrer les Haïtiens. Je me concentre sur ma visite», a-t-elle répondu aux médias canadiens, hier, à son arrivée à Port-au-Prince.