Critiqué pour son incapacité à prévenir les attentats du 11 septembre 2001 puis à élucider le mystère de l'Anthrax, le FBI tente une mue en développant le renseignement et de nouvelles méthodes d'enquête, sans échapper à la controverse.

Secoué par un rapport du département de la Justice qui a condamné en 2005 l'incapacité de la police fédérale américaine à détecter le complot contre les tours jumelles de New York, le «Bureau» a depuis investi dans le renseignement et l'analyse pour moderniser ses méthodes face aux «nouvelles menaces».

Il s'est doté d'une «Equipe exécutive stratégique» chargée d'évaluer et d'uniformiser les «bonnes pratiques». Mais le plus compliqué reste de «changer les mentalités» dans une maison qui fête ses 100 ans cette année, a reconnu mardi son directeur, Robert Mueller.

«Quand je suis venu devant la commission ces dernières années, j'ai parlé de transformer le FBI d'une organisation dont la mission première est le maintien de l'ordre en une organisation pour la sécurité nationale», a-t-il rappelé devant la commission judiciaire de la Chambre des représentants. Il a souhaité que l'agence «se concentre sur la prévention des crimes et le terrorisme et ne se contente pas d'enquêter après les faits».

Selon un rapport interne révélé mardi par le Wall Street Journal, le FBI souffre toujours «de sources de renseignement en nombre et en qualité insuffisants» et d'«une mauvaise compréhension des informations qui devraient être recherchées».

Plus grave, de nouvelles règles de fonctionnement que le chef de l'Agence gouvernementale devait défendre encore mercredi devant le Sénat sont très critiquées pour les risques qu'elles comportent en matière de libertés individuelles.

Le débat s'ouvre alors que le FBI a été critiqué le mois dernier après le suicide de Bruce Ivins, suspect numéro un dans la très longue enquête sur les attentats à l'Anthrax fin 2001. Ce suicide, qui élimine toute possibilité de procès, est survenu après la destruction accidentelle de preuves et la désignation publique d'un mauvais suspect.

Si les nouvelles directives sont approuvées et entrent en vigueur, comme prévu, le 1er octobre, le FBI aura la possibilité d'ouvrir une enquête sans preuve matérielle, d'entamer une surveillance ou de mener des interrogatoires «clandestins» (sans se présenter comme un agent de police).

Directeur exécutif de l'Association américaine des libertés civiles (Aclu), Anthony Romero regrette de n'y trouver «aucune précision sur la manière dont le FBI va garantir que la race et la religion ne seront pas utilisées» comme base du soupçon.

«Le message de l'administration Bush est encore une fois +faites-nous confiance+», relève-t-il, mais «le département de la Justice et le FBI ont maintes fois montré qu'ils étaient incapables de se policer eux-mêmes».

Quatre parlementaires ont écrit au ministre de la Justice Robert Mukasey - qui doit approuver les nouvelles règles d'un jour à l'autre - lui demandant que le Congrès puisse étudier et analyser ce nouveau règlement.

«Nous craignons particulièrement que ce projet ne permette à d'innocents Américains d'être sujets à une surveillance excessive fondée sur la race, l'ethnie, l'origine nationale, la religion ou toute activité protégée par le premier amendement» de la Constitution (la liberté d'expression), ont-ils écrit.