La Russie va fixer les limites de son espace maritime dans l'Arctique, région présumée riche en hydrocarbures et très disputée entre pays riverains, a déclaré mercredi le président russe, Dmitri Medvedev.

«Il nous faut une base juridique transparente réglementant les activités de la Russie dans l'Arctique», a déclaré le chef de l'État devant le Conseil national de sécurité russe.

M. Medvedev a demandé en conséquence «d'accomplir toutes les formalités pour tracer la frontière extérieure du plateau continental» russe, en préparant pour cela une loi.

«Nous devons garantir à long terme les intérêts nationaux de la Russie dans l'Arctique (...) Notre première tâche est de transformer la région arctique en une base stratégique de la Russie», a-t-il déclaré.

«Selon les évaluations des experts, le plateau continental de l'Arctique pourrait contenir un quart de toutes les ressources d'hydrocarbures off-shore dans le monde», a noté le maître du Kremlin.

La région de l'Arctique représente déjà «près de 20% du PIB et 22% des exportations russes», a-t-il ajouté.

Les cinq pays riverains de l'Arctique - le Canada, les États-Unis, le Groenland (territoire danois d'outre-mer), la Norvège et la Russie - ne cessent de se disputer sur la question du partage de cette région aux richesses encore inexploitées.

La Russie demande une extension de sa zone économique en Arctique, affirmant que la dorsale de Lomonossov, une chaîne de montagnes sous-marine qui s'étend du Groenland à la Sibérie, est une extension de son plateau continental. Mais le Groenland et le Canada expriment des revendications identiques.

Une Convention des Nations unies datant de 1982 permet à un pays ayant une façade maritime d'étendre ses droits pour l'exploitation des ressources naturelles de 200 milles à 350 milles s'il peut prouver que cette extension constitue «la prolongation naturelle du plateau continental».

La Russie a eu recours pendant l'été 2007 à une action spectaculaire en plantant son drapeau par quelque 4000 mètres de profondeur sous le pôle Nord pour étayer ses revendications.

Moscou entend aussi contrôler la voie maritime dans le Grand Nord, qui relie l'Atlantique au Pacifique via l'Arctique et permettrait de réduire de milliers de kilomètres le trajet entre l'Europe et l'Asie.

«La voie maritime du Nord est très importante pour nous. Ce sont nos compatriotes qui l'ont découverte et nous considérons qu'elle est à nous», a déclaré le chef du Conseil de sécurité Nikolaï Patrouchev.

«Nous devons la contrôler tout en comprenant que les navires étrangers vont s'en servir et doivent s'y sentir à l'aise», a-t-il ajouté.

En mai 2007, le président russe de l'époque, Vladimir Poutine, avait appelé à s'intéresser de près à cette voie qui à l'heure actuelle n'est navigable qu'une partie de l'année mais pourrait servir à l'avenir d'autoroute maritime en raison du réchauffement climatique.