À huit semaines de l'élection présidentielle américaine, les stratégies politiques des démocrates et des républicains se concentrent sur une dizaine d'États clés à même de faire basculer le scrutin du 4 novembre.

Les «États violets» (mélange entre le rouge républicain et le bleu démocrate) sont d'une importance cruciale dans un pays où la victoire électorale se joue État par État au scrutin indirect. Chaque État élit des «grands électeurs», dont le nombre est fonction de sa population, et qui élisent ensuite le président.

Mais le système est assorti d'un «jackpot»: un État gagné rapporte au vainqueur l'ensemble de ses grands électeurs, même si le gagnant n'a remporté qu'une courte majorité.

«Ceux qui se souviennent qu'Al Gore avait 500 000 voix de plus que George W. Bush en 2000 mais qu'il a perdu l'élection sont conscient que les élections américaines sont en fait un assemblage d'élections d'États», précise Stephen Hess du Pew Research Center.

L'objectif des candidats à la Maison-Blanche est d'obtenir le chiffre magique de 270 grands électeurs sur les 538 du pays pour l'emporter.

Selon un sondage publié jeudi par l'Université de Quinnipac, la colistière de John McCain, Sarah Palin, rapporte des points au ticket républicain dans trois États clés (Floride, Pennsylvanie, Ohio) mais le démocrate Barack Obama garde de l'avance dans deux d'entre eux. M. McCain est en tête en Floride (50% d'intentions de vote contre 43%), M. Obama le devance en Ohio (49% contre 44%) et en Pennsylvanie (48% contre 45%), selon le sondage.

Caractérisés par leur promptitude à changer de camp, l'Ohio qui compte 20 grands électeurs, la Pennsylvanie (est), avec 21, et la Floride avec 27, sont les plus disputés des États clés. Depuis 1960, aucun candidat n'a été élu président s'il n'a pas remporté au moins deux de ces États.

Depuis une semaine, les candidats des deux camps y ont multiplié les meetings.

Quelques jours à peine après avoir accepté sa nomination comme colistier de Barack Obama, Joe Biden s'est rendu en Floride pour faire campagne dans cet État qui a donné la victoire à George W. Bush en 2000.

Dans l'Ohio, le vote ouvrier dans cette région industrielle en difficulté est l'enjeu numéro un. L'État a été remporté par M. Bush en 2004 avec une avance de deux points seulement.

En Pennsylvanie, où la candidate à la nomination démocrate Hillary Clinton avait fait un excellent score lors de la primaire du printemps, Barack Obama est conscient que ses électeurs, notamment les femmes, pourraient être tentés par un vote républicain.

«Les États clés se caractérisent par trois critères: les résultats des élections passées, les sondages de cette année et comment les candidats dépensent leur argent», résume Michael Dimock directeur associé du Pew Research Center.

Outre ces trois États, les autres «champs de bataille», bien que moins pourvus en grands électeurs, sont le Michigan (nord, 17 grands électeurs), le Missouri (11), le Wisconsin (10). Même la Virginie (13), pourtant bastion républicain de longue date, rejoint les rangs des États clés avec une avance de 0,7 point seulement pour John McCain cette semaine, selon le site d'analyse politique RealClearPolitics.

Les candidats ont fait campagne dans ces quatre États depuis la semaine dernière. Les autres États considérés comme cruciaux sont le New Hampshire (4), le Colorado (9), le Nouveau-Mexique (5) et le Nevada (5).

Le reste des États sont dits «sûrs», acquis à l'un ou l'autre des candidats, comme le Texas pour les républicains et la Californie pour les démocrates.