Le principal juge anti-drogue en Afghanistan a été assassiné à Kaboul alors qu'il se rendait jeudi à son travail, a annoncé le département de la justice responsable pour la lutte anti-drogue.

Aalim Hanif, 65 ans, président de la Cour d'appel du Tribunal central anti-drogue, a été abattu dans la rue. Il est mort à l'hôpital de ses blessures, selon un communiqué du département.

«Le juge Hanif avait la volonté de mener ce pays sur la voie de l'état de droit et de la justice. Il était motivé par une volonté de faire juger d'importants trafiquants de drogue et de s'assurer qu'ils étaient punis pour leurs crimes», selon le communiqué.

Selon Sareer Ahmad Barmak, responsable de la communication au département anti-drogue, le juge Hanif «était un des rares juges, surtout dans le cadre de la lutte anti-drogue, à ne jamais accepter de pots-de-vin» .

«Il se rendait à pied de son domicile à la route principale où un véhicule l'attendait quand il a été abattu,» a déclaré M. Barmak à l'AFP. Les motifs de son assassinat sont directement liés à son travail, a-t-il estimé.

L'ancien responsable américain chargé de la coordination de la lutte contre le trafic de drogue en Afghanistan a récemment accusé le gouvernement du président Hamid Karzaï de protéger le trafic d'opium.

Dans un article diffusé jeudi par le New York Times Magazine, Thomas Schweich, qui a récemment quitté son poste de coordinateur du département d'État chargé de la lutte contre le trafic de stupéfiants et la réforme de la justice en Afghanistan, avait affirmé avoir découvert au cours des deux dernières années, «à quel point le gouvernement afghan était impliqué dans la protection du commerce de l'opium - en le protégeant des politiques (de lutte) conçues par les Américains».

«S'il est vrai que les ennemis talibans de Karzaï se financent via le trafic de drogue, c'est le cas aussi pour beaucoup de ses partisans», affirmait M. Schweich.

L'ancien responsable avait également accusé l'OTAN et le Pentagone d'avoir «résisté à l'offensive anti-opium».

Le département américain de la Défense semblait «considérer la lutte contre le trafic de drogue comme n'étant pas son affaire, que cela devrait être réglé une fois les combats terminés en Afghanistan», selon lui.

«Le problème c'est que les combats ne cesseront probablement pas tant que les talibans pourront se financer par la drogue - et tant que le gouvernement de Kaboul restera dépendant de l'opium pour maintenir son propre pouvoir», avait-il ajouté.

Selon le rapport annuel 2008 de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), l'Afghanistan a produit à lui seul 92% de l'opium mondial en 2007.