Toits d'immeubles effondrés, étages ravagés, murs qui menacent de s'écrouler: des ruines dans Tskhinvali montrent les deux côtés de la guerre qui a dévasté en particulier la capitale du territoire séparatiste géorgien pro-russe d'Ossétie du Sud.

Les Russes affirment que les bombardements géorgiens à l'origine de ces dégâts autour de la rue Telman au centre-ville étaient aussi une tentative de commettre un «génocide» contre l'ethnie ossète.

Pour insister sur ce message, le Kremlin a invité cette semaine des dizaines de journalistes à participer à une visite guidée de Tskhinvali, très encadrée par les autorités russes.

Les organisateurs de la visite ont pris soin de ne pas montrer aux journalistes d'autres ruines, comme celles de plusieurs villages brûlés le long de la principale route à la sortie de Tskhinvali, encore habitée le mois dernier par des centaines de Géorgiens.

Tbilissi avait déclenché dans la nuit du 7 au 8 août une offensive militaire dans sa république rebelle d'Ossétie du Sud, contrée par une intervention massive de l'armée russe en territoire géorgien.

Le convoi de six autobus organisé par le Kremlin a emprunté des rues d'Ossétie où des familles étaient tout à fait disposées à raconter comment l'artillerie géorgienne a pilonné le secteur au début de l'offensive.

Les mêmes bus ont ensuite traversé à vive allure des villages géorgiens -vidés de leurs habitants par un nettoyage ethnique, selon des experts en droits de l'Homme et le gouvernement géorgien-- sans le moindre commentaire des organisateurs du Kremlin.

L'amertume se mêle parfois de colère, dans cette région géorgienne où nombre d'habitants ont des passeports russes. Moscou a reconnu le 26 août l'indépendance de l'Ossétie du Sud de même que celle de l'Abkhazie, un autre territoire séparatiste.

«Nous ne pouvons pas laisser les Géorgiens revenir», indique Ino Klonl, un Ossète déployant une tente militaire kaki à côté des ruines de sa cuisine.

«Regardez la ville. Regardez ce qu'ils ont fait. Comment pourrions-nous les laisser revenir après ça?», dit-il en montrant trois murs en mauvais état, qui sont les seuls restes de sa maison.

«Ils ont bombardé toute la ville», renchérit son voisin, Malkhaz, refusant de décliner son nom de famille. «Des gens sont restés parce qu'ils avaient des abris pour se protéger des bombardements. Ils ont visé des endroits où il y avait du mouvement», affirme cet homme de 32 ans.

Comme la plupart des personnes interrogées, il affirme que des Géorgiens ne vivraient plus jamais ici. «Je ne voudrais pas qu'ils reviennent. Ils ont détruit ce que j'aimais, ce qui m'était cher.

S'adressant aux journalistes depuis les marches du bâtiment abritant le parlement ossète détruit, au centre de Tskhinvali, le président pro-russe du territoire séparatiste, Edouard Kokoïti, affirme que les villages ont été détruits pendant la déroute des forces géorgiennes.

«Oui, nous avons gagné. Nous avons pris ces villages et maintenant nous devrions nous excuser?», lance-t-il visiblement irrité par les nombreuses questions de journalistes étrangers. «Nous ne laisserons personne revenir, hormis ceux qui n'ont pas combattu. Nous avons toutes les informations», a-t-il toutefois ajouté.

«Nous n'avons pas l'intention de créer un état monoéthnique», assure-t-il.

L'organisation de défense des Droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) affirme que l'analyse de photos satellites récemment dévoilées montre que des maisons géorgiennes en Ossétie du Sud ont été incendiées par des milices sud-ossètes plutôt que lors des combats.