Des survivants de la sanglante prise d'otages à l'école de Beslan ont exigé lundi l'ouverture d'une enquête internationale, quatre ans après la tragédie qui a fait 331 morts, accusant le Kremlin de ne pas dire la vérité.

Des proches des victimes du drame sont venus se recueillir à un cimetière en périphérie de cette petite ville du Caucase, au début d'une période de trois jours de deuil. L'amertume se ressentait au cimetière.

Des oeillets rouges ont été déposés au pied d'une statue en bronze représentant quatre mères de famille et des dizaines d'anges, à la mémoire des 186 enfants tués.

Des jouets ont été posés sur des tombes en marbre rose, tandis qu'une dame avançait sa tête contre une pierre tombale.

Les cérémonies commémoratives atteindront leur apogée mercredi, quatre ans jour pour jour après la bataille entre les forces spéciales russes et les preneurs d'otages qui exigeaient le retrait des troupes russes de Tchétchénie.

Mais l'angoisse était mêlée de colère contre les autorités à Moscou dans cette région montagneuse d'Ossétie du Nord, voisine de l'Ossétie du Sud théâtre d'un récent conflit entre troupes russes et géorgiennes.

Les circonstances du dénouement de la prise d'otage de Beslan, notamment le rôle des forces de l'ordre, restent controversées.

Ella Kessaïeva, la dirigeante du groupe de survivants la Voix de Beslan, a affirmé qu'une pétition avait été adressée à la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg, afin d'obtenir la vérité.

Les survivants veulent savoir pourquoi personne, hormis le seul preneur d'otage qui a survécu, n'a été sanctionné pour cette tragédie au cours de laquelle plus de 1.000 personnes ont été retenues pendant trois jours à l'intérieur de l'école.

Quelques policiers ont été jugés pour négligence pour avoir permis à un commando lourdement armé de pénétrer dans l'école le 1er septembre, mais ont été soit relaxés soit amnistiés par la suite.

Une enquête officielle a également blanchi les services de sécurité mis en cause dans la bataille sanglante au cours de laquelle des armes lourdes ont été utilisées pour éliminer les violents preneurs d'otages à l'intérieur de l'école remplie d'enfants.

«Nous avons l'intention d'obtenir une enquête internationale. Beaucoup a déjà été fait. La Cour des droits de l'Homme a accepté nos documents», a affirmé Mme Kessaïeva. «Personne n'a eu à répondre de la mort de très nombreux otages. Les vrais coupables ont obtenu des médailles et promotions», a-t-elle ajouté.

«Les autorités ont fait preuve de leur réticence à garantir la justice. C'est pourquoi nous sommes contraints de nous tourner vers une institution internationale et les dirigeants de pays respectant la loi et les droits de l'Homme», a-t-elle affirmé.

Une mère endeuillée, Alexandra Smirnova, a décrit comment après le drame de Beslan elle a enterré des restes humains dont elle n'a jamais pu prouver qu'il s'agissait de ceux de sa fille de 14 ans.

«Je ne sais même pas qui est enterré ici. On m'a juste donné un sac noir et dit que c'était Alla», sa fille, a-t-elle ajouté.

Dans une allusion au conflit en Ossétie du Sud, une autre mère remontée contre le Kremlin affirme que «les intérêts des 330 personnes dans l'école n'ont pas coïncidé avec ceux de la Fédération de Russie. Leur vie n'en valait pas le coup», dit-elle.