Sept soldats de la force ONU/UA au Darfour (Minuad) ont été tués et 22 blessés dans la nord de la région lors d'une attaque attribuée à des miliciens arabes, la plus meurtrière contre cette force hybride depuis son déploiement en janvier.

Cette attaque contre la Minuad est la dernière en date d'une série d'assauts contre cette force déjà affaiblie par de nombreuses difficultés logistiques et politiques.

«Les assaillants, à bord de dizaines de véhicules et munis d'armes lourdes, ont tendu une embuscade à un convoi de la Minuad à Oum Hakibah, à 100 km de Shangil Tobay dans l'État du Nord-Darfour», a indiqué un responsable de la force hybride sous le couvert de l'anonymat.

Une vingtaine de soldats, blessés dans l'attaque, ont été transférés par avion à El-Facher pour y être soignés, selon lui.

Les soldats de la Minuad ont été attaqués alors qu'ils rentraient d'une mission de suivi, après que les anciens rebelles de l'Armée de libération du Soudan (SLA) de Minni Minnawi --signataire de la paix avec le gouvernement de Khartoum en 2006-- eurent rapporté que deux de leurs membres avaient été tués.

«Il semble que c'était une attaque d'envergure. Ils ont été pris par ce qui semble être une très grande force», a affirmé ce responsable.

Selon deux responsables de l'ONU au Soudan, les milices soudanaises, les Janjawids sont soupçonnés d'être derrière cette attaque.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a condamné «cet acte inacceptable d'extrême violence contre les soldats de la paix de l'UA (Union africaine, NDLR) et de l'ONU», selon sa porte-parole Michèle Montas.

M. Ban «appelle le gouvernement du Soudan à tout faire pour s'assurer que ses auteurs soient promptement identifiés et traduits en justice», a-t-elle ajouté lors d'un point de presse.

L'Union africaine a déploré que «cette attaque criminelle (...) intervienne au moment où des efforts soutenus sont faits pour assurer un déploiement complet de la Minuad, et la reprise rapide du processus politique au Darfour».

Selon le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband, actuellement en visite au Soudan, il est difficile d'être optimiste sur l'avenir au Darfour, au vu de la «crise humanitaire» qui s'y déroule.

Tant que la sécurité n'est pas restaurée et qu'un processus politique n'est pas entamé, il serait erroné d'être «autre chose qu'extrêmement prudent quant aux perspectives (de la région), étant donné l'étendue des dégâts qui ont déjà eu lieu», a-t-il dit.

Les troupes de la force ONU-UA ont été visées par une série d'attaques depuis qu'elles ont officiellement pris début 2008 le relais de l'ancienne force de la mission africaine, l'Amis, chargée du maintien de la paix dans cette région en guerre civile depuis 2003.

Le mois dernier, un membre de la Minuad a été brièvement enlevé et battu par des miliciens arabes armés dans l'ouest du Darfour. Fin mai, une patrouille était tombée dans une embuscade tendue par des cavaliers armés. Dans un autre incident, un policier de la Minuad avait été tué par balle dans le Nord-Darfour.

Les combats au Darfour opposent des groupes rebelles réclamant plus d'autonomie et un partage des ressources aux forces soudanaises appuyées par les Janjawids.

Déployée en 2004, la mission africaine, l'Amis, avait perdu une soixantaine de ses éléments dans ce genre d'attaques.

Le déploiement de la Minuad, qui doit compter au total quelque 26 000 hommes, rencontre de nombreuses difficultés logistiques et politiques.

La force, qui manque cruellement de moyens, ne dispose au sol pour l'instant que d'environ 9200 soldats et policiers, ainsi que de 1300 civils sur un territoire grand comme la France. Seuls les contingents africains, qui appartenaient à l'Amis, sont effectivement sur le terrain, alors que Khartoum bloque l'arrivée de troupes non-africaines.

Le conflit au Darfour a fait selon l'ONU jusqu'à 300 000 morts et plus de 2,2 millions de déplacés depuis février 2003. Khartoum n'évoque que 10 000 morts.