Un homme d'origine bosniaque a été traduit mercredi devant un tribunal d'Oslo pour des crimes de guerre perpétrés en 1992 contre des civils serbes de Bosnie, premier cas de ce genre à être examiné en Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale.

Ancien membre de la milice croate HOS, Mirsad Repak, 41 ans, doit répondre à des accusations de crimes contre l'Humanité, crimes de guerre, torture et viols.

Il aurait perpétré ces crimes entre mai et octobre 1992 à l'encontre de 18 civils serbes, hommes et femmes, internés dans le camp de détention de Dretelj (sud de la Bosnie), connu pour la brutalité de ses gardiens.

Mirsad Repak, qui s'est depuis établi en Norvège avec sa famille et a obtenu la nationalité norvégienne, s'est dit non coupable des faits les plus graves qui lui sont reprochés.

Il affirme n'avoir fait que suivre les ordres. «Dans de gros conflits comme celui-là, on devrait se contenter d'attraper les décideurs et les plus hauts responsables. On n'arrive jamais à tous les attraper et ça peut être injuste de ne prendre que les petits soldats», a déclaré son avocate Heidi Bache-Wiig à la chaîne TV2 Nyhetskanal.

Mirsad Repak «a souffert de ce qu'il a dû faire et de ce qu'on lui a donné l'ordre de faire, et cela le hante depuis», a-t-elle dit avant l'audience. «Pour lui, c'était complètement contre-nature et il a souffert d'avoir dû participer (aux mauvais traitements, ndlr) et de voir comment (les détenus) étaient traités».

Selon Irene Ramm, porte-parole du tribunal d'Oslo, il s'agit de la première affaire pour crimes de guerre à être examinée en Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale.

Mercredi, le tribunal a examiné la possibilité d'appliquer de manière rétroactive à Mirsad Repak la nouvelle législation norvégienne pour crimes de guerre, qui est entrée en vigueur cette année, et la question portant sur la possible prescription de certains faits.

La Cour se prononcera sur ces questions lundi, après quoi le procès proprement dit pourra s'ouvrir. La question de la rétroactivité occupe une place particulièrement centrale.

Faisant valoir que la Constitution norvégienne interdit l'application rétroactive d'une nouvelle loi, l'avocate Heidi Bache-Wiig plaide pour que l'accusation de crimes de guerre soit rejetée.

De son côté, le procureur souligne que le Parlement norvégien avait assorti le vote de la nouvelle loi d'une disposition stipulant que la législation pourrait avoir un effet rétroactif «sous certaines conditions», c'est-à-dire dans les cas de génocide et de crimes de guerre particulièrement graves.

Mirsad Repak encourt jusqu'à 20 ans de prison. Son procès devrait durer huit semaines et impliquera le témoignage de plusieurs dizaines de personnes --la plupart établies à l'étranger-- qui ont vécu la guerre de Bosnie entre 1992 et 1995.