Deux régions séparatistes géorgiennes ont demandé solennellement jeudi à la Russie et à la communauté internationale de reconnaître leur indépendance, sous la protection de l'armée russe, encore très présente sur le terrain mais qui promet d'être partie vendredi.

Le président de l'Ossétie du Sud Edouard Kokoïty a demandé jeudi à la Russie de reconnaître l'indépendance de ce territoire séparatiste géorgien, lors d'un rassemblement public d'au moins mille personnes dans la capitale, Tskhinvali.

L'armée géorgienne est entrée dans la nuit du 7 au 8 août dans la ville pour tenter de reprendre le contrôle du territoire sécessionniste, suscitant une riposte massive de l'armée russe.

«Merci à l'État russe», a lancé le président séparatiste, applaudi à chaque fois qu'il mentionnait soit l'indépendance, soit la Russie.

Plus à l'ouest, sur les bords ensoleillés de la mer Noire, dans l'autre région séparatiste pro-russe, l'Abkhazie, une foule de dizaines de milliers de personnes a voté à main levée pour demander à la Russie de reconnaître l'indépendance lors d'un «congrès national» traditionnel.

Le président séparatiste abkhaze, Sergueï Bagapch, avait la veille, dans un appel approuvé par le Parlement local, demandé à la Russie et au monde de reconnaître l'indépendance de la république autoproclamée. Dénonçant «la nouvelle agression et le génocide contre le peuple d'Ossétie du Sud» et «la menace toujours grande d'une agression géorgienne», il a appelé au maintien des forces armées russes en Abkhazie.

Une armée toujours très présente jeudi en Géorgie, bien au-delà du territoire des deux régions séparatistes.

Les militaires russes et leurs blindés étaient notamment toujours postés sur la route conduisant de la capitale géorgienne, Tbilissi, à Gori, et cette ville à la situation stratégique au centre du pays n'était pas accessible, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les soldats russes disposent de plusieurs points de contrôle sur cette voie, le premier à Igoïeti, à 30 km de Tbilissi.

Dans Gori, un journaliste de l'AFP a vu quatre transports de troupes blindés et quelques camions militaires. Un soldat russe à qui l'on demandait s'ils partaient a répondu «oui, c'est fini».

Plus à l'ouest cependant, un journaliste de l'AFP a vu un convoi de cinq camions et deux transports de troupes blindés des forces russes entrer dans le port de Poti, sur la mer Noire.

La distribution de l'aide humanitaire semblait désorganisée et les gens se bousculaient pour obtenir de quoi manger. Une habitante a fait remarquer que les salaires et les retraites n'étaient plus payés.

Un nombre de véhicules militaires russes plus important que les jours précédents circulaient jeudi en Ossétie du Sud en direction de la Russie, mais des dizaines de camions continuaient de descendre du nord vers la région séparatiste géorgienne, a constaté un autre journaliste de l'AFP.

Les forces armées russes auront quitté le territoire géorgien autour de l'Ossétie du Sud vendredi soir, à l'exception d'une zone tampon prévue par le mandat de leurs soldats de maintien de la paix, a affirmé jeudi le chef-adjoint d'état major de l'armée russe, Anatoli Nogovitsyne.

Seuls 500 soldats russes seront maintenus dans huit postes sur la zone tampon, a déclaré pour sa part le ministre russes des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Le président russe Dmitri Medvedev avait promis que le retrait russe de Géorgie serait achevé les 21 ou 22 août.

Les deux chambres du Parlement russe ont indiqué qu'elles examineraient dès lundi les demandes de reconnaissance des deux régions séparatistes.

Le président du Conseil de la Fédération, Sergueï Mironov, a affirmé que la chambre haute était «prête à reconnaître le statut d'indépendance» de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.

Le président russe Dmitri Medvedev avait déclaré la semaine dernière que la Russie «reconnaîtrait» et «garantirait» sur la scène internationale toute décision des Abkhazes et des Ossètes du Sud sur leur statut.

Le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, a souligné jeudi que le président géorgien Mikheïl Saakachvili «porte la responsabilité de la façon dont les événements vont se dérouler» à cet égard.

Après les dirigeants du Venezuela et du Bélarus, le président syrien Bachar al-Assad a apporté son soutien à l'opération militaire russe en Géorgie, lors d'une rencontre jeudi à Sotchi, dans le sud de la Russie, avec le président Dmitri Medvedev.