Dix soldats français ont été tués lundi et mardi dans des combats à 50 kilomètres de Kaboul, dans l'assaut au sol le plus meurtrier visant les forces internationales en Afghanistan, alors que les insurgés multiplient les attaques d'envergure à travers l'Afghanistan.

Le président Nicolas Sarkozy, qui a affirmé la détermination de la France à «poursuivre la lutte contre le terrorisme», a décollé mardi vers 23H10 (17H10 HAE) de l'aéroport de Nice (sud-est), pour se rendre en Afghanistan après cette attaque, au bilan le plus lourd pour l'armée française depuis l'attentat du Drakkar à Beyrouth en 1983 (58 morts).

L'arrivée à Kaboul du président français, qui est accompagné du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner et du ministre de la Défense Hervé Morin, était prévue mercredi vers 8H00 locales (23H30 HAE).

Parallèlement, les insurgés ont lancé à deux reprises, lundi puis mardi, deux attaques meurtrières contre une base américaine dans l'est de l'Afghanistan.

L'arrivée cet été de renforts français dans l'est du pays, où les talibans sont de plus en plus présents, avait fait craindre des attaques meurtrières dans cette zone. Mais les insurgés ont frappé cette fois à moins d'une heure de route de la capitale.

Les soldats français ont péri lors d'affrontements consécutifs à une embuscade des talibans, qui ont débuté lundi et se sont poursuivis tout au long de la nuit, faisant 10 morts et 21 blessés.

«Ma détermination est intacte. La France est résolue à poursuivre la lutte contre le terrorisme, pour la démocratie et la liberté. La cause est juste, c'est l'honneur de la France et de ses armées de la défendre», a affirmé Nicolas Sarkozy.

Les soldats français, une patrouille de reconnaissance, sont tombés dans une embuscade de grande ampleur, à laquelle ont participé 100 insurgés, selon la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'OTAN.

À Washington, un porte-parole du Pentagone a précisé que «les États-Unis ont fourni le soutien aérien rapproché aux forces engagées au sol».

«C'était une attaque complexe impliquant de multiple systèmes d'armement, des armes légères, des tirs de mortier, des roquettes, et qui a duré plusieurs heures», a commenté le porte-parole.

Pour le ministre français de la Défense, Hervé Morin, du côté des insurgés, «les estimations sont autour d'une trentaine de morts et d'une trentaine de blessés».

«Nos soldats ont été tués au tout début de l'embuscade au moment du feu: c'est eux qui ont payé le tribut de cette embuscade», a-t-il ajouté.

La majorité des victimes appartenaient au 8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa) de Castres.

Parmi les dix morts, un soldat a été tué «ce matin» (mardi) lorsqu'une route s'est effondrée et que son véhicule s'est retourné, a précisé le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées françaises.

Un porte-parole des talibans a revendiqué l'attaque. «Ce matin, nous avons tendu une embuscade aux troupes de l'OTAN dans le district de Saroubi, à l'aide de mines et de roquettes. Nous avons détruit cinq véhicules et infligé de lourdes pertes», a déclaré à l'AFP Zabihullah Mujahed, qui a reconnu la mort de cinq talibans.

Le porte-parole du ministère de la Défense, le général Mohammad Zahir Azimi, a affirmé, lui, que 13 insurgés avaient été tués dans ces combats.

Dans le même temps, les combattants islamistes ne relâchent pas la pression dans leurs bastions du sud du pays, mais aussi dans l'est, frontalier des zones tribales pakistanaises.

Ainsi, des dizaines d'insurgés, dont certains portant des vestes bourrées d'explosifs, ont attaqué mardi matin la base militaire américaine Salerno, à proximité de la ville de Khost (est), à quelque 30 kilomètres de la frontière avec le Pakistan, déjà frappée lundi par un attentat suicide des talibans qui a tué 10 civils.

L'Isaf a fait état de sept insurgés tués dans l'attaque.

Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition emmenée par les États-Unis. Les violences ont redoublé d'intensité depuis près de deux ans malgré la présence de 70 000 soldats étrangers.