La convention démocrate s'est ouverte sur un coup de théâtre et d'émotion hier soir à Denver, où Edward Kennedy, atteint d'un cancer au cerveau, a fait une apparition et un discours inattendus, exhortant ses compatriotes américains à passer le «flambeau à la prochaine génération», incarnée à ses yeux par Barack Obama.

«Le travail commence de nouveau, l'espoir renaît de nouveau et le rêve continue», a déclaré le sénateur du Massachusetts, modifiant la conclusion d'un de ses plus célèbres discours.

Âgé de 76 ans, opéré d'une tumeur au cerveau en juin, le dernier des frères Kennedy n'était pas censé être à Denver et encore moins prendre la parole devant les délégués qui doivent entériner la candidature de Barack Obama à la présidence des États-Unis.

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Sa prestation a précédé celle de Michelle Obama, qui devait être le clou de la soirée. La femme de Barack Obama aura également réussi à émouvoir les démocrates réunis au Pepsi Center de Denver.

Mais le discours d'Edward Kennedy, survenant à la fin d'une journée dominée par les rumeurs de dissension entre le prétendant démocrate et les Clinton, a semblé requinquer les membres du parti.

«Rien ne peut me tenir éloigné de l'occasion spéciale de ce soir», a dit le patriarche des Kennedy au début d'un discours dont chaque phrase a été applaudie par la foule. «Je suis ici pour changer avec vous l'Amérique et pour élire Barack Obama à la présidence des États-Unis», a-t-il ajouté, s'exprimant d'une voix ferme et énergique.

Selon le Boston Globe, le sénateur Kennedy a pris un risque en venant à Denver. Son opération a bien réussi et il ne devrait pas garder de séquelles neurologiques permanentes. Mais le traitement pourrait avoir affecté son système immunitaire.

Écoutez Alexandre Sirois à Denver



Malgré tout, Edward Kennedy a promis d'être de retour au Sénat en janvier pour y accueillir Barack Obama comme président.

Après ce moment d'émotion, Michelle Obama s'est adressée à son tour aux délégués et aux téléspectateurs pour accomplir une tâche cruciale: convaincre les membres du public américain que son mari partage leurs valeurs, même si son nom et ses origines sont exotiques.

Elle a également essayé de dévoiler une partie d'elle-même, tâche nécessaire pour celle qui veut devenir la première First Lady noire des États-Unis.

«Je viens ici ce soir en tant que soeur, choyée par un frère qui est mon mentor, mon protecteur et mon ami pour la vie», a-t-elle déclaré après avoir été présenté par ce frangin, Craig Robinson, entraîneur de basketball au niveau universitaire.

«Je suis ici en tant que femme qui aime son mari et croit qu'il sera un président extraordinaire», a-t-elle ajouté, se définissant également comme une «fille, élevée dans le South Side de Chicago par un père qui était ouvrier municipal, et une mère qui est restée à la maison avec mon frère et moi-même».

Âgée de 44 ans, l'avocate de profession a évoqué plus tard les «valeurs» qu'elle chérit avec son mari: travail, responsabilité, respect.

«Et vous savez, ce qui m'a le plus frappée la première fois que j'ai rencontré Barack, c'est que même s'il avait un drôle de nom, même s'il avait grandi de l'autre côté du continent à Hawaii, sa famille était pas mal comme la mienne.»

Michelle Obama n'a caché ni son patriotisme - «C'est pourquoi je suis si fière de mon pays», a-t-elle dit au cours de son discours - ni son amour pour son mari.

«Et, après tout ce qui est arrivé au cours des 19 derniers mois, le Barack Obama que je connais aujourd'hui est le même homme avec lequel je suis tombée amoureuse il y a 19 ans», a-t-elle dit, terminant son discours en ravalant une larme.

À Kansas City, où il était en campagne, son mari a salué les délégués de la convention, ainsi que sa femme et ses deux filles, via une liaison satellite.