La ville d'Omagh, dans l'ouest de l'Irlande du Nord, a marqué dans la controverse vendredi le dixième anniversaire de l'attentat le plus meurtrier dans l'histoire de la province britannique, qui avait fait 29 morts le 15 août 1998.

Les cérémonies tenues dans la ville d'une vingtaine de milliers d'habitants ont été boycottées par les familles d'une dizaine de victimes, qui estiment que le mémorial inauguré à cette occasion ne dit pas assez clairement que les auteurs de l'attentat faisaient partie de la mouvance républicaine catholique luttant pour le rattachement de la province à l'Irlande.

L'explosion à la voiture piégée avait été revendiquée par une branche dissidente de l'IRA (Armée républicaine irlandaise) qui se fait appeler «IRA-Véritable» et qui entendait marquer son opposition à l'accord de paix signé le 10 avril 1998.

Une cérémonie séparée sera organisée dimanche par les familles boycottant les célébrations officielles de vendredi.

Cette controverse illustre les difficultés à cautériser les plaies laissées par trente ans de «Troubles», qui ont fait 3500 morts, et à mettre en pratique la paix signée en 1998. Un gouvernement multiconfessionnel a été instauré mais catholiques et protestants n'ont toujours pas parachevé la création d'une force de police et de justice régionales, autonomes de Londres.

Le seul accusé de l'attentat a été acquitté en décembre 2007, provoquant l'ire des familles de victimes, dont certaines ont lancé des poursuites civiles.

L'explosion avait provoqué un traumatisme. Parmi les 29 morts, figurait une femme enceinte de jumeaux et plus de 200 personnes avaient été blessées.

«Tandis que nous continuons à bâtir un avenir pacifique, (l'attentat d'Omagh) reste une tâche indélébile dans notre Histoire», a estimé dans un message écrit le premier ministre irlandais Brian Cowen, présent à la cérémonie.

Le ministre britannique de l'Irlande du Nord, Shaun Woodward, a estimé que «la dignité et le courage des familles et des amis de ceux qui ont été tués... ont montré que le terrorisme n'avait pas sa place dans un monde convenable».

Le vice-premier ministre nord-irlandais, le catholique Martin McGuinness, était également présent.