Trois islamistes d'un mouvement kurde irakien lié à Al-Qaeda ont été condamnés mardi en Allemagne à des peines allant de sept ans et demi à 10 ans de prison pour avoir planifié en 2004 l'assassinat d'un premier ministre irakien.

Les trois hommes ont été reconnus, en première instance, coupables d'appartenance à une organisation terroriste étrangère, le groupuscule sunnite Ansar al-Islam, et de complot d'assassinat par un tribunal de Stuttgart (sud-ouest de l'Allemagne).

Ils avaient projeté le 3 décembre 2004 un attentat à Berlin contre le chef du gouvernement provisoire irakien de l'époque, Iyad Allaoui, alors en visite en Allemagne.

A l'issue de deux ans de procès, le principal accusé, Ata Abdoulaziz Rashid, 34 ans, a été condamné à 10 ans de prison. Les deux autres co-accusés, Mazen Ali Hussein, 27 ans, et Rafik Mohamad Yousef, 33 ans, ont été condamnés respectivement à sept ans et demi et huit ans d'emprisonnement. La défense a annoncé qu'elle allait interjeter appel.

Considéré par l'accusation comme le responsable d'Ansar al-Islam en Allemagne, «Ata a récolté 45 000 euro dont environ 20.000 euros ont été transférés en Irak» pour le financement d'attentats et un fond pour les familles de kamikazes, a indiqué la présidente du tribunal, Christine Rebsam-Bender.

La surveillance de ses appels téléphoniques et de ses e-mails, ordonnée en octobre 2003, «a été décisive pour la constitution de preuves», a-t-elle ajouté.

Ata Abdoulaziz Rashid n'a pas été jugé en tant que meneur du complot mais comme membre d'une organisation terroriste, «le procès n'ayant pas pu établir qu'Ata avait une influence sur la structure et les projets d'Ansar al-Islam», selon la magistrate.

Avec ce verdict, les juges se sont montrés plus cléments que le parquet fédéral allemand qui avait réclamé 11 ans de prison pour Ata Abdoulaziz Rashid et huit ans et neuf mois d'emprisonnement pour Mazen Ali Hussein et Rafik Mohamad Yousef. La défense avait plaidé la relaxe.

«Les accusés ont fait un usage intense de leurs droits (...) c'est la raison pour laquelle le procès a duré plus de deux ans», a indiqué Christine Rebsam-Bender.

«Cela tenait aussi pour beaucoup à la personnalité difficile de Rafik qui s'emportait très vite» et a même cassé une côte à un policier pendant sa détention, a-t-elle ajouté.

Rafik «s'était déclaré prêt à commettre un attentat contre Allaoui (...) seulement avec l'accord de sa hiérarchie», selon elle. Il s'est dit «très, très fier» après la prononciation du verdict.

Les trois condamnés avaient été arrêtés grâce à des écoutes téléphoniques, le matin du jour prévu de l'attentat.

Ils ont été jugés en vertu d'une législation allemande adoptée à la suite des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis et qui permet à la justice de poursuivre des terroristes présumés s'ils soutiennent des mouvements terroristes en dehors du pays.

Le mouvement Ansar al-Islam, créé en 2001 au Kurdistan irakien et lié à la mouvance islamiste d'Al-Qaeda, est composé essentiellement de Kurdes. Il s'oppose aux forces américaines et alliées en Irak et aux partis kurdes PDK (Parti Démocratique du Kurdistan) et UPK (Union Patriotique du Kurdistan).

Ansar al-Islam (Partisans de l'islam) compterait, selon les renseignements intérieurs allemands, un millier de militants, dont une centaine en Allemagne.