Les avoirs de Radovan Karadzic pourraient être saisis pour dédommager nombre de ses victimes qui l'ont poursuivi en justice aux États-Unis, rapporte vendredi la presse bosniaque citant un diplomate américain.

«Karadzic a perdu plusieurs procès devant des tribunaux américains qui l'ont condamné pour avoir créé des camps où des femmes ont été systématiquement violées», a déclaré le diplomate américain Raffi Gregorian, adjoint du Haut représentant de la communauté internationale en Bosnie, au quotidien Dnevni Avaz.

Ces procès ont été initiés à son encontre par 39 victimes ayant trouvé refuge aux États-Unis, durant ou après la guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-1995), selon le journal.

«Karadzic doit plusieurs milliards de dollars à ses victimes», a ajouté M. Gregorian.

Le journal évalue le montant des réparations à 4,5 milliards de dollars.

Le bureau du Haut représentant étudie la possibilité de confisquer des avoirs de Karadzic afin de «dédommager partiellement ou au moins d'une manière symbolique ses victimes», fait valoir le diplomate américain.

M. Gregorian a condamné l'offre du premier ministre serbe bosniaque Milorad Dodik, d'accorder une assistance financière à la famille de Radovan Karadzic, faite après son arrestation.

Il a accusé Karadzic d'avoir «volé des millions aux citoyens» de Bosnie et affirmé que sa famille avait fait partie du réseau qui avait soutenu sa cavale.

Par le passé, M. Dodik lui-même avait accusé Karadzic d'avoir détourné à son profit, au printemps 1997, quelque 18,4 millions d'euros du budget de la Republika Srpska, entité serbe qui forme avec la Fédération croato-musulmane la Bosnie depuis la fin de la guerre.

Dans une interview à la presse locale remontant à 2005, M. Dodik mentionnait l'existence de documents prouvant cette accusation.

Les avoirs de la famille Karadzic ont été gelés il y a plusieurs années sur ordre du Haut représentant de la communauté internationale en Bosnie, la famille ayant été accusée d'apporter son soutien à la cavale du fugitif.

Ex-chef politique des Serbes de Bosnie durant la guerre, Radovan Karadzic, 63 ans, a été arrêté lundi par les forces de sécurité serbes, treize ans après son inculpation de génocide par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie.

Il est incarcéré à Belgrade et devrait prochainement être transféré à La Haye, où siège le TPI, pour y être jugé.