Quelque 3000 soldats ont commencé à être déployés lundi dans les rues des grandes villes italiennes et devant certains sites sensibles dans le cadre d'un plan sécurité adopté par le gouvernement de Silvio Berlusconi qui provoque la polémique.

Moins d'une semaine après sa promulgation le 29 juillet par les ministres de l'Intérieur et de la Défense, le décret est entré en application à Rome, Naples, Milan et dans d'autres villes de la Péninsule.

Un millier de militaires en «tenue de ville» - pantalon et chemise d'uniforme à manches courtes - équipés d'armes de poing ont été affectés à des «patrouilles mixtes» avec des policiers à Rome, Naples, Turin, Milan et dans d'autres cités de la Péninsule.

Un autre millier ont été chargés de la protection de bâtiments jugés sensibles comme les ambassades, les consulats, les gares ou certaines églises.

Un troisième contingent doit suppléer la police dans la surveillance extérieure des centres de rétention des immigrés clandestins comme à Lampedusa, l'île sicilienne qui constitue l'un des principaux points d'arrivés des candidats à l'immigration en provenance d'Afrique.

À Rome, le dispositif n'a pas affecté les principaux monuments du centre historique, déjà doté d'importantes forces de police, mais des zones plus excentrées comme l'esplanade de la basilique St-Jean de Latran, sous le regard curieux ou inquiet des touristes étrangers.

Certains responsables ont souligné la portée avant tout symbolique de la mesure.

«En 1992, 20 000 hommes avaient été déployés rien qu'en Sicile» pour permettre à la police de concentrer ses forces dans la lutte contre la mafia après les attentats meurtriers contre des magistrats, a rappelé lundi le général Mario Buscemi, adjoint au chef d'état major, dans La Repubblica.

Avec 3000 hommes aujourd'hui pour toute l'Italie, «le soutien apporté à la police sera mineur, essentiellement symbolique», a-t-il estimé.

Le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, membre du parti populiste de la Ligue du nord, a justifié ce déploiement par «l'exigence de donner aux citoyens une meilleure perception de la sécurité».

Son collègue de la Défense Ignazio La Russa, représentant de l'Alliance nationale (AN, post-fasciste) avait annoncé à la mi-juin que des militaires seraient mis à la disposition des préfets «pour des missions spécifiques et exceptionnelles de prévention de la criminalité».

Le parlement où la coalition de droite au pouvoir est majoritaire a donné son aval à la mesure.

Les cent premiers jours de la législature commencée le 29 avril ont été marqués par l'adoption d'une série de lois et décrets-lois visant à renforcer la sécurité et à lutter contre l'immigration clandestine, deux thèmes étroitement liés dans les discours politiques.

La gauche a accusé le gouvernement de «démagogie sécuritaire» et de «militarisation» des villes.

«Cette histoire des militaires dans les rues est la énième mise en scène de ce gouvernement», a accusé dimanche Franco Barbato, député du petit parti Italie des Valeurs (IDV) de l'ancien magistrat Antonio Di Pietro.

«Berlusconi poursuit une politique d'affaiblissement de la légalité», a-t-il ajouté.

La mesure «n'est qu'un effet d'annonce» qui «masque les restrictions effectuées par le gouvernement dans le budget de l'armée et de la police», a estimé Roberta Pinoti, membre du parti démocrate de Walter Veltroni et «ministre de la Défense fantôme» de l'opposition.